9 mars 2010

En studio

Ils ont des oreillettes. Genre pro. Mais leur groupe n'a pas de nom, genre amateurs. Ça crache bien. Ils font le coup du chien, assez crade pour que je le mentionne ici. Le batteur tape normalement, et de temps à autre un blast cosmique apparaît au-dessus du bruit. C'est toute la magie de la médiocrité de la composition. Il y a la groupie du chanteur guitariste, celles du batteur et du bassiste ne vont pas tarder. Elles fument dehors. Juste avant d'arriver les gens se sont avalé une bouteille de rosé. Dans la rue à la sauvage. En tant que scribe je n'ai pas participé à l'affaire, même si je l'approuve complètement. Rien de mieux que le nectar divin avant d'écouter des bruits de vomis, des rots dansants, et tant qu'on y est des pets hurlants. Encore un peu d' Iguane, avec une musique qui à l'époque servait de générique d'un très joli dessin animé de zinzin. Ils ne font pas « le truc du milieu » parce qu'aucun d'eux n'en est capable. Et comme ils ne veulent pas être trop ridicules en face de nous... J'aime bien les petits blancs, les cordes basses qui résonnent, la cymbale qui tremblote.
Après ils font le classique des pierres roulantes, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Normalement il y a un deuxième guitariste pour rajouter de l'intérêt, mais monsieur n'est pas là. Le bassiste emmerde le guitariste en appuyant sur ses pédales d'effets. Pendant quelques instants, la musique devient intéressante.
J'aide le batteur à faire les intermèdes de tapages assourdissants entre chaque chanson. Un rituel bruitiste propre à tout batteur qui se respecte. Pour garder, entre deux envolées, les mains et le moteur chauds.
Le chanteur ne bouge pas assez les hanches sur le King, du coup il a « merdé ». On est pas un public très compliqué, ils refont. La bassiste ne la connaît pas, il ne fait qu'improviser. Le batteur lui fait remarquer qu'on a entendu « tumtumtim » au lieu de « tumtumtam ».
Après ils font l'hymne de générations, de Qui vous savez. Et là c'est magnifique : pas de guitare, le batteur avoue ne pas avoir la rapidité requise, le bassiste est largué. Mais ils s'en foutent et la jouent quand même. Jusqu'au bout. Cette énergie combinée au tambourin sauve le tout. C'est splendide.
Ensuite on a le droit à du bordel rose du guitareux pyromane à ses heures. Une fin de chanson en décharge toute comme il faut.
En guise de transition punk, le batteur pousse en un gros rot. Le « bop » des Ramoneurs fait trembler les murs. Tous chantent sur le refrain, en choeur. Ça envoie tellement de partout que je me permets de crier aussi.
Puis ils nous font visiter la naissance sauvage de la Steppe en Loup. C'est fou le nombre de classique sur lequel on peut s'amuser quand on a le doigté de pierre. J'aime les roulements de tambours suivis des pas d'éléphants.
Retour au chien de l'Iguane. Manque un peu d'accent Texain sur le « COOOOME ON !».
Quand je pense qu'il y a une heure j'étais allongé sur mon canapé bleu vert, sirotant mon thé avec Mamie. Des spéculos, de la musique de paysages sonores. Et que maintenant je suis entre une usine atomique, jungle sauvage, et autoroute américaine.
Ils s'amusent sur la basse des martiens électrisés. Le batteur tape dans tous les sens. Solo de guitare sur solo de taregui. Tension qui grimpe pour mieux sauter. Pulsation de veines. Le maitre des fûts est titillé, entre utiliser ses mains pour fracasses de la chair ou carboniser de la feuille. Ils finissent par se faire cuire un boeuf bourgui'nd'roll histoire de se couper la faim une bonne fois pour toute. Moi je rentre chez moi pour manger une omelette aux pommes de terre, mon plat préféré.

Bribes

Peaux et baguettes, tetracordiste et luthier :
« La Musique est ma seule excuse de vivre. C'est beaucoup plus que jouer entre potes. La musique est mon esprit, je ne peux vivre sans mon esprit »
« Une autre façon de chier »

Groupies :
« Ça me rend nostalgique (du temps où  j'étais moi aussi une rappe à corde) »
« J'ai l'impression de vivre »
« Défoule, exprime, fatigue »
« C'est pas mal »
« J'ai envie de viande. Avec haricots verts, ail et persil. Varbernais d'Anjoux 87. Mesclun niçois. Tarte tatin. »

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