27 mars 2010

Bienvenue chez les Fous Electriques...


  
"-Vous reconnaissez-vous dans le jazz ?
-Seulement dans la première et la dernière lettre."
John Zorn 



 J'avoue que je ne sais pas trop par où commencer. Ni comment continuer et encore moins comment finir. Je suis là, devant mon clavier. Ma tête est remplie de sons en tout genre. Sincèrement, je suis complètement bloqué. La seule chose dont je suis certain, c'est que ce CD porte admirablement bien son nom. At the Mountains of Madness... At the Mountains... Les montagnes de la folie. On monte. On descend. Of Madness... On passe par tout un tas... Mountains of Madness... d'émotions. Dés les premières secondes, on est embarqué dans cette folle randonnée. Sans même que l'on nous demande notre avis. Ça explose de tous les cotés. Notre sens auditif est rudement mis à l'épreuve. Il a du mal à suivre et à comprendre ce qui se passe. Puis ça retombe. Ça se calme. Une sorte de pause. Tout le monde reprend son souffle. Et c'est reparti ! On est confronté à la fois à l'insupportable (Zorn qui fait mumuse avec son saxo) et au bizarre, à l'étrange (on entend des bruits qui paraissent juste irréalisables en live) tout en passant par l'extase auditive (à la fois due à la qualité musicale mais aussi au fait que les passages insupportables prennent fin). Plus qu'un CD, c'est une véritable expérience musicale assez hors du commun. On aime, on aime pas, la question n'est absolument pas là. Moi même suis incapable d'y répondre. Et je n'en ai pas envie. Je suis encore en train de découvrir de CD, de saisir toutes les subtilités qu'il propose. Et je suis très loin d'avoir fini.

NB : Si vous avez l'impression qu'il y a plusieurs fois les même musiques, c'est normal. Les noms sont peut être les mêmes, mais le contenu est radicalement différent. Bienvenue chez les Fous...

17 mars 2010

Happy Birthday !


Tout le monde connaît Steppenwolf, et plus particulièrement leur hit Born To Be Wild. Mais j'aimerais parler ici de leur 3ème album, At Your Birthday Party,  nettement moins connu et pour cause. Il est beaucoup moins bon que les deux précédents mais si je veux en parler, ce n'est pas pour sa qualité musicale mais surtout pour l'ambiance et l'état d'esprit qui se dégage de cet album.
Déjà, la pochette. Complètement barrée : des Mickeys qui font la guerre. Soit... C'est le boxon. Le grand foutoir. La débandade. La grosse cohue. On y voit que dalle. On comprend pas grand chose de ce qui se passe. Et c'est excatement à l'image de l'album.
Rien que la première chanson (Don't Cry) est un bordel complet : on a l'impression que tout le monde chante en même temps, que la batterie n'en fait qu'à sa tête, les notes sont à peine distinguables. Enfin bref, du grand délire. Je ne dis pas pour autant qu'elle est nulle, non non non, elle est même plutôt cool. Mais on sent déjà que les mecs qui ont fait ça ne se souciaient absolument pas de "Qu'est ce que ça va donner", "Tu crois que les gens vont aimer ?". Et ce qui est encore plus évident, c'est que quasiment aucune retouche (aujourd'hui indispensable avant chaque sortie d'album) n'a été faite. Et c'est pour ça que j'adore cet album et que j'en parle. On a l'impression qu'ils sont arrivés là, ils ont joué, ils sont partis, tels de Césars de la musique. Vient ensuite Lovely Meter : une monstruosité. La mélodie principale est à chier, le chanteur chante faux à un point rarement atteint dans l'histoire de la musique. Je ne comprend toujours pas comment cette chanson a pu se retrouver au milieu de cet album. Mais bon, après s'être ré-accordées les oreilles, on en rigole bien. Pour Round And Down, c'est tout autre chose. Ça commence tranquillement par un petit riff un peu country, voire même un peu moche mais bon. Puis on entend derrière un espèce d'harmonica un peu bizarre, un peu faux mais là, on sent que la chanson va dégénérer, que ça va certainement pas continuer comme ça. Et en effet, après deux petits couplets relativement moyens, on passe de l'autre coté de la chanson et là ça devient vraiment génial : une espèce de jungle musicale soutenue par des percussions assez entraînantes. La guitare de de très brèves apparitions mais toutes fantastiques. Ça s'arrête. Ça repart. C'est tout simplement génial. Quand arrive It's Never Too Late, on se dit "Merde, encore une ballade à la Lovely Meter" mais non, c'est une vraie ballade, bien maîtrisée et assez jolie. La première face du vinyle se termine par Sleeping Dreaming, assez folle. Pleins de gens qui passent devant vous et qui chantent (sans pour autant que ça soit le bazar). C'est vraiment pas mal mais malheureusement trop court. Encore une fois, je ne sais même pas si on peut la qualifier de chanson à proprement parler mais ils n'en avaient juste rien à foutre. Ils ont fait ça, ils ont trouvé ça marrant, ils l'ont mise. Point.
La deuxième face du vinyle et moins brouillonne que la première au contraire. Elle contient Jupiter's Child, rock bien lourd et vraiment bon. She'll Be Better est encore une ballade, une espèce de deuxième chance à Lovely Meter mais en un peu mieux (heureusement). Ensuite, le mec s'est assis, s'est mis au piano, a joué son truc, a enregistré et est reparti. Et ça donne Cat Killer. Un boogie-blues assez sympathique mais tellement enregistré à l'arrache. Et c'est pour ça qu'on aime. S'ensuit alors Rock Me, un monument du Rock'N'Roll. Et même celle-là, qui est quand même le single de cet album, sort du simple hit. Tout commence normalement, un riff énormissime, des refrains monstrueux et puis tout d'un coup, ça part en une espèce de samba, où tout le monde clappe des mains, où la batterie se déchaîne. Et puis ça repart sur le refrain et ça se termine en fondu. Extra-Ordinaire. Et encore une fois (mais c'est qu'il insiste le bougre), ils se font fait PLAISIR. Il en est de même pour Mango Juice. La sonorité et la structure est semblable à la deuxième partie de Round And Down. On ne sait pas trop ce qu'on entend, des petits bruits par ci, des petits bruits par là, le tout sur fond de tambours africains. C'est vraiment surprenant de la part d'un groupe de rock mais c'est un régal pour les oreilles. Le vinyle se termine sur un anniversaire géant, à la manière "épique" et plein d'émotions. Il est un peu trop retenu à mon goût mais ça passe.
Tout ça pour dire que après avoir entendu ce vinyle, j'avais vraiment le sourire aux lèvres et la larme à l'œil. Sourire parce que je me dis qu'avant, y'avait vraiment des groupes qui faisaient leur musique, sans se soucier de quelconques normes ou expectatives. Larme à l'œil pour les même raisons que le sourire. Bien sur, il existe toujours (et heureusement) des groupes qui mettent leurs tripes sur CD. Mais il faut quand même se dire que Steppenwolf, c'était un des groupes phares des années 60. Aujourd'hui, il faut se tourner vers des groupes indépendants, inconnus, cachés. D'accord j'exagère (comme toujours) mais bon, vous aurez compris pourquoi j'adore ce CD malgré sa qualité musicale relativement moyenne.


16 mars 2010

Regain de Quolibets Tordus a Nettoyer





Il y a des musiques faites pour rêver. On les classe sous "ambient", car ce ne sont pas des musiques qui imposent des histoires. Ce sont des musiques qui laissent sortir les histoires qu'on a dans nos têtes. RQTN fait dans ce domaine ci. C'est un artiste seul, qui fait de la musique à rêveries. On l'écoute, on laisse ses pensées aller. Un monde entier s'offre à nous. Ce n'est pas le notre, c'est un rêve personnel, différent de celui que celui qu'entendra un autre. C'est beau comme un matin en forêt, mélancolique comme un soir de solitude avec un crayon comme seule compagnie. C'est plein d'espoir. C'est un peu tout et c'est ça qui est bien. Écoutez-le seul, dans la nuit, avec l'envie de rêver. Laissez vous aller, confortablement installé dans un fauteuil. Prenez un crayon et un papier, ou ne prenez rien et fermez les yeux.

14 mars 2010

Baby-Sitting


Human Skab - Thunder Hips and Saddle Bags

INFO



En 1986, Travis Roberts un jeune garcon de 10 ans qui joue au foot, s'amuse à envoyer une cassette composée par ses soins à la radio locale. Entre Art Brut et Punk puriste. Completement torturé. De l'energie enfantine confiné dans un monde post-apocalyptique, qui explose finalement en 21 chansons. Je ne sais pas exactement quelles sont les instruments utilisés. Une vieille guitare trouvée dans le grenier. Un piano martelé. Des ustensiles de cuisines. Des pierres sur une fenêtre. Des cailloux dans l'eau. Et d'autre truc qui traine dans la rue sans doute. Je ne sais pas non plus, si c'est vraiment de la musique. Mais c'est bel et bien là. A l'ecoute on croit avoir ce gamin devans nous, nous crachant dessus. Nous qui sommes déjà vieux, qui ne pensont plus au dinosaures ni à la destruction de l'union soviétique. Nous qui avons peur et suivons convenablement les lois etablis par nos ancêtres, les chefs ridicules. Nous qui sommes fatigués de créer et de nous exposer au jugement d'autrui. Du haut de son jeune âge, ce gamin avait raison. J'adorerais boire un coup avec lui. Plutot deux fois qu'une.

The Soviet Union will go to hell with Hitler !!!!!
DEAD DEAD EVERYBODY'S DEAD !!!!!!

La Fougue Espagnole


Tokyo Sex Destruction - The Neighbourhood



Le côté fanatique de Tokyo, sensuel du Sex, et barbare de la Destruction . En gentleman baroque, punk agité de déhanchement, je sors de chez moi. Je suis pris d'un étrange mal, entre l'ivresse et la soul . Un drogué euphorique, un amoureux illuminé. Je passe dans le voisinage, ma concierge, mon pizzaiolo, mon école. Je m'en vais au loin, j'oublie toutes leurs histoires sordides. Je marche vite, évitant tout encombrement. Les feux de signalisation sortent de leur cage à mon passage, s'agglutinent dans mon cœur. L'incendie y grandit. Je me permets de faire quelques sauts au dessus des flaques, volants au dessus des crottes. Des cris grotesques sortent tout naturellement de ma bouche, venant du fin fond de mon esprit. L'avenue est longue, j'avance d'un pas décidé, tout droit. Avec l'impression de refaire le monde à chaque fois que ma semelle s'écrase sur le goudron. Un rêveur des années 69. Je me tortille en trottinant, en un mot je trotille au son de la musique. Tout va bien, les pigeons chantent, les mégots sont en fleurs. Je marche tout seul et c'est tant mieux. En solitaire libre, qu'on a abandonné à son destin. Au moins, je n'ai personne dans les pattes. Je marche à mon rythme, endiablé. Il était temps de me remuer un peu, de m'échapper de tout ça. Les choses ont perdu tout contrôle sur moi, je vogue dans la fraîcheur du soir. De temps en temps les voitures vrombissantes m'agressent l'oreille, mais je me concentre sur le flux sonore de mes pulsations. Je donne des coups de pieds nonchalants aux détritus endormis, pour réveiller le peuple et voir s'envoler les papillons romantiques. Mes membres ne cessent de s'agiter dans l'espace. Je ne laisse pas mes mains tomber, elles dessinent d'étranges motifs dans l'air. La chorégraphie subit parfois des changements brusques, de ton et de vitesse. Afin de renouveler sans fin le mouvement entraînant. J'imagine que les gens qui m'aperçoivent me prennent pour un fou. Un méchant hystérique, extraverti et angoissé. Mais je pense qu'ils mentent. Je suis ridicule, certes, mais en attendant je m'amuse bien. Tiens, me voilà arrivé sur le bord de mer. Une belle balade.

13 mars 2010

Le blouze, tabernacle ! Le blouze !

Le voilà le premier article de blues. Et ça commence donc avec un petit groupe canadien nommé Tas Cru. Leur album Grizzle n'Bone m'est arrivé dans les mains un peu par hasard, au détour d'une liste d'autres CDs. Mais leur pochette m'a beaucoup amusée et je me suis dit que je ne craignais rien si je tentais ma chance.
Et en effet, dès la première chanson éponyme, j'étais conquis. Ça bouge. Et ça bouge bien : une batterie bien assurée, un piano un peu timide mais bien bluesy, une guitare bien sympathique et un chant bien canadien. Impossible de rester assis sur son fauteuil (ou tout autre objet destiné à recevoir une paire de fesses). Immédiatement on se lève et on danse. La deuxième, One Eyed Jack, est un peu plus lente mais bien maîtrisée également. Un clavier qui maintient bien le tout et l'apparition de cœurs qui sont les bienvenus. Les enchaînements clavier/guitare sont assez agréables et la voix est toujours aussi...canadienne (ça n'est absolument pas péjoratif mais vraiment, je ne trouve pas d'autres qualificatifs...). Vient ensuite la meilleure de l'album, Money Talks, qui est un très bon rock-boogie-blues. Les arrêts/reprises des instruments sont vraiment très bons et le passage en 4/4 (les instruments se relaient en soli) est assez jouissif, bien que trop court et trop timide. (On notera que les paroles du dernier couplet sont assez drôles). S'ensuivent Come To Testify et All Good, deux blues acoustiques. Le premier est simplement dirigé par le monsieur à la voix canadienne et les claquements de mains de ses camarades tandis que le deuxième comporte un piano et une guitare acoustique et met assez bien dans une ambiance un peu à la piano bar. Je terminerai par Prophet Of Lynchburg, qui est un très beau folk-blues, avec en accompagnement des violons. La mélodie du refrain est vraiment jolie et prenante.
Au final, on tient ici un très bon album de blues (bravo les canadiens !) même si on reste un peu sur sa faim. On aurait aimé plus de folie dans les soli, moins de retenue sur l'album en général mais finalement, on passe un très bon moment.

De la survenance de la joie


Vision Creation Newsun - Boredoms



Je ne sais pas. Je ne trouve pas de mots, d'association de mots suffisante. La syntaxe part en morceau.

Succession de super-nova novatrice, tout mais pas triste. Naïveté céleste comme des débiles profond découvrant les vibrations de l'air que l'on appelle communément son. Génie enfantin, vérité enfantine, euphorie en fond de tin. Long flux immortel intemporel éphémère et fugace. Mille et Une extase, et une de plus pour la route. Chaos vivifiant. Déjà entendu cela dans mes rêves, ou quand enfant j'imaginais l'histoire du bonheur à coup de Playmobil. Complètement naturel, une simple expérimentation, un chemin tracé à travers la puissance du réel. Innocence primaire primale tribale infiniment, extrêmement, de bout en bout : là, en kyste édénique. Démonstration de l'existence de la joie. Apocalypse de joie. Ce qui se passe quand on saute en l'air, et qu'on monte monte jusqu'aux cieux. Longue expression de jouissance, allongé sur l'herbe, en regardant les étoiles. Monstres de toutes couleurs, non pas sous votre lit pour vous faire peur, mais dans vos bras pour danser. Yeux fermés, un cyclone causé par milliards de papillons. Mélodique,méloparadique, meloextasique, mélomagique. Agitation dans et de tous les sens, de chimpanzés japonais, de sorciers ayant découvert la bombe G à point G. Bande sonore pour troupeaux de foetus sortant du paradis. Paradigme d'un sourire. Sourire d'un quotidien long et parfois dur à porter, à supporter, mais impossible à supplanter car source intarissable des élans d'espoirs. Retour aux choses, là où tout n'est que bruit force et liberté.

Electrocution générale


General Elektriks

Quand on me propose de venir à un concert avec tant de d’enthousiasme, je suis curieux. Comme ça coûte 20 euros, et que je n’ai jamais entendu parler du groupe, je suis un peu craintif aussi. Mais j’ai confiance aux goûts musicaux de mes guides. Je leur emboîte le pas.

La première partie a déjà commencé. De l’électro intéressante, avec de belles montées en puissance, malheureusement souvent suivies de descentes un peu frustrantes. Cependant, seul sur scène, Chapelier Fou maîtrise ses instruments, que ce soit le violon, les divers claviers, et les petites boîtes transformant la magie des transistors en musique. Ça commence pas mal, on boit une bière, on attend la suite. C’est qui déjà ? General Elektriks. Un nom qui reste vague, on peut s’attendre à tout.

Soudain, avec une énergie déjà débordante, cinq musiciens prennent la scène d’assaut. La musique commence vite et fort. Le sourire monte au visage, et on ne peut rien y faire. L’énergie pure traverse le cerveau pour se transformer en plaisir. C’est funky, c’est groovy, c’est pop, c’est rock, c’est électronique, aux accents parfois hip hop. Après cinq minutes de réflexion, on ne cherche plus à classifier, c’est General Elektriks, et c’est tout. RV Salters, le claviériste chanteur sautilleur s’en donne à cœur joie. Il bondit dans tous les sens tout en jouant de ses claviers avec une maîtrise rare. Le batteur joue du vibraphone, délaissant de temps en temps sa batterie particulière. Tous ont un style incroyable, RV Salters avec son énergie bondissante et ses litres de sueur, le bassiste avec une coupe affro énorme et son air de « si je suis ici, c’est seulement pour rendre service », les deux batteurs avec une crête où une frange, seul le guitariste a une apparence presque normale, mais son talent cache son apparente banalité. Le talent est d’ailleurs une constante dans ce groupe, nous faisant nous trémousser et taper dans nos mains. Ils en redemandent, et le public fait de même. Et ils ne font que monter. Les solos sont bons, bien dosés. La voix caméléon de Salters est incroyable. Il reprend tout sans peur, n’hésitant pas à reprendre deux musiques différentes en un seul morceau live. Et régulièrement, c’est nous, le public, qui nous faisons féliciter de la scène, à croire que c’est nous qui avons fait le concert. C’est que justement, ils sont faits pour le live, et le public ne peut pas s’empêcher d’adorer. Mais tout à une fin, et pour consoler ceux qui comme moi, sont insatiables, ils nous offrent trois rappels, se permettant de monter encore pour finir dans une apothéose qui nous laisse émerveillés, simplement heureux.

9 mars 2010

En studio

Ils ont des oreillettes. Genre pro. Mais leur groupe n'a pas de nom, genre amateurs. Ça crache bien. Ils font le coup du chien, assez crade pour que je le mentionne ici. Le batteur tape normalement, et de temps à autre un blast cosmique apparaît au-dessus du bruit. C'est toute la magie de la médiocrité de la composition. Il y a la groupie du chanteur guitariste, celles du batteur et du bassiste ne vont pas tarder. Elles fument dehors. Juste avant d'arriver les gens se sont avalé une bouteille de rosé. Dans la rue à la sauvage. En tant que scribe je n'ai pas participé à l'affaire, même si je l'approuve complètement. Rien de mieux que le nectar divin avant d'écouter des bruits de vomis, des rots dansants, et tant qu'on y est des pets hurlants. Encore un peu d' Iguane, avec une musique qui à l'époque servait de générique d'un très joli dessin animé de zinzin. Ils ne font pas « le truc du milieu » parce qu'aucun d'eux n'en est capable. Et comme ils ne veulent pas être trop ridicules en face de nous... J'aime bien les petits blancs, les cordes basses qui résonnent, la cymbale qui tremblote.
Après ils font le classique des pierres roulantes, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Normalement il y a un deuxième guitariste pour rajouter de l'intérêt, mais monsieur n'est pas là. Le bassiste emmerde le guitariste en appuyant sur ses pédales d'effets. Pendant quelques instants, la musique devient intéressante.
J'aide le batteur à faire les intermèdes de tapages assourdissants entre chaque chanson. Un rituel bruitiste propre à tout batteur qui se respecte. Pour garder, entre deux envolées, les mains et le moteur chauds.
Le chanteur ne bouge pas assez les hanches sur le King, du coup il a « merdé ». On est pas un public très compliqué, ils refont. La bassiste ne la connaît pas, il ne fait qu'improviser. Le batteur lui fait remarquer qu'on a entendu « tumtumtim » au lieu de « tumtumtam ».
Après ils font l'hymne de générations, de Qui vous savez. Et là c'est magnifique : pas de guitare, le batteur avoue ne pas avoir la rapidité requise, le bassiste est largué. Mais ils s'en foutent et la jouent quand même. Jusqu'au bout. Cette énergie combinée au tambourin sauve le tout. C'est splendide.
Ensuite on a le droit à du bordel rose du guitareux pyromane à ses heures. Une fin de chanson en décharge toute comme il faut.
En guise de transition punk, le batteur pousse en un gros rot. Le « bop » des Ramoneurs fait trembler les murs. Tous chantent sur le refrain, en choeur. Ça envoie tellement de partout que je me permets de crier aussi.
Puis ils nous font visiter la naissance sauvage de la Steppe en Loup. C'est fou le nombre de classique sur lequel on peut s'amuser quand on a le doigté de pierre. J'aime les roulements de tambours suivis des pas d'éléphants.
Retour au chien de l'Iguane. Manque un peu d'accent Texain sur le « COOOOME ON !».
Quand je pense qu'il y a une heure j'étais allongé sur mon canapé bleu vert, sirotant mon thé avec Mamie. Des spéculos, de la musique de paysages sonores. Et que maintenant je suis entre une usine atomique, jungle sauvage, et autoroute américaine.
Ils s'amusent sur la basse des martiens électrisés. Le batteur tape dans tous les sens. Solo de guitare sur solo de taregui. Tension qui grimpe pour mieux sauter. Pulsation de veines. Le maitre des fûts est titillé, entre utiliser ses mains pour fracasses de la chair ou carboniser de la feuille. Ils finissent par se faire cuire un boeuf bourgui'nd'roll histoire de se couper la faim une bonne fois pour toute. Moi je rentre chez moi pour manger une omelette aux pommes de terre, mon plat préféré.

Bribes

Peaux et baguettes, tetracordiste et luthier :
« La Musique est ma seule excuse de vivre. C'est beaucoup plus que jouer entre potes. La musique est mon esprit, je ne peux vivre sans mon esprit »
« Une autre façon de chier »

Groupies :
« Ça me rend nostalgique (du temps où  j'étais moi aussi une rappe à corde) »
« J'ai l'impression de vivre »
« Défoule, exprime, fatigue »
« C'est pas mal »
« J'ai envie de viande. Avec haricots verts, ail et persil. Varbernais d'Anjoux 87. Mesclun niçois. Tarte tatin. »