20 février 2010

...Pensées & Tra-la-la...

L'énigme de la musique est en soit très intéressante, même si peu de gens s'en préoccupe. Se laisser simplement envahir et porter par une somme d'ondes sinusoïdales provoque un tel effet... S'abandonner comme ceci est source de bien-être, la perte du contrôle. Le chaos s'installe petit à petit dans ce mélange d'être et de non-être. Plus rien n'importe, seule la musique domine. Elle est maitresse de tout mes gestes actuellement, ma main glisse sur cette feuille au rythme de celle-ci. Elle est reine de tout. Elle effraie mais attire irrésistiblement, comme si elle imitait le prédateur qui attire sa proie pour mieux la dévorer. Peut-on parler de séduction de la musique sur nos âmes ? Est-elle là pour nous guider vers une vie plus paisible ou meilleure, ou est-elle traitresse et égoïste, ne voulant que toute notre attention sur elle et nous détournant ainsi presque de notre propre libre arbitre.
Je me suis rapproché de la musique, tentation insoutenable ou simple lubie masochiste ?

11 février 2010

Spectateur de bourgeon

Alors que je bois le sang du Christ, 3 jeunes gens profanent une église à coup de musique satanique. Nous sommes dans une église anglicane d'un village hautement touristique. L'exaltation des passions musicales est de nos jours dure à pratiquer. En effet, la plupart des logements possèdent le même défaut, majeur, horrible et contraignant : la présence de voisins. Si j'étais architecte, je me débrouillerais pour combler cette lacune, mais ( heureusement) je ne le suis pas. Mais là, dans ce lieu sacré, il n'y a pas de voisins. Juste des pièces vides, des fontaines d'eaux croupies et quelques croix par-ci par-là. De ce que je sais de la théorie musicale, le batteur et le bassiste sont très liés. Le batteur s'occupe des remous, le bassiste des rouleaux. Les deux ont l'air de bien se connaître, ce n'est pas la première fois qu'ils se confessent ensemble. La dernière fois, il y avait un deuxième batteur. Mais aujourd'hui, alors que je mangeais tranquillement des frites avec un bassiste, un batteur m'a appelé et nous sommes aussitôt passés par le supermarché en embarquant un guitariste. Et d'un coup, le Rock. Des doigts dans tous les sens, sur les grosses cordes, les fines et les frites, les peaux et le papier. D'un coup, par surprise, le rock. En passant par la bière et le punk, jusqu'au whisky Hard Rock.
Si je bois encore, je pourrais chanter un peu. Le guitariste jette parfois un regard hagard sur les environs. Les deux cordiers s'échangent leurs instruments. Sex, drugs and Rock 'n'Roll, petits joueurs. La drogue c'est la pause clope, le sexe la pause pipi. Sinon on serait déjà Rock Star. Je joue un peu au piano et à la guitare, mais mon plaisir est à la mesure de ma dissonance. Leur son se fait plus sale à mesure que mon écriture s'enivre. Pendant quelques minutes je suis seul, alors que ces messieurs sont allés chercher bonheur chez le clown blanc au nez rouge. Je m'amuse à triturer les pédales de la guitare, à taper sur les boites. Je bois encore, un peu de tout. Peu après qu'ils soient revenus, que leur tintamarre ait recommencé, je m'endors sur deux chaises. Preuve que leur Rock instantané agit comme coup de pied au cul, autant que comme berceuse. Preuve aussi que je suis extrêmement fatigué...

9 février 2010

A dream, A dream, A dream...



A dream, A dream, A dream... Le soleil se lève. La lumière se révèle. Les formes commencent à se distinguer. Sa chevelure noire brille. Elle dort encore. Je me suis réveillé avant. Je peux la contempler. Elle est allongée sur son lit. Elle est magnifique. Immobile. Insouciante. Idyllique. It's all I have of Her... Après quelques longues minutes, je sors dans le jardin. Tout est resplendissant. L'herbe. Le ciel. Le soleil. Elle. Je m'allonge. Je regarde le bleu qui me surplombe. Je l'entend qui me rejoint. Elle s'est levée. Please let me Be... Elle marche lentement sur l'herbe fraîche. Son pas est gracieux. Doux. Subtil. Comme son visage. Elle se couche à coté de moi. Plus rien ne compte. Contemplatifs. Entichés. Chéris. Riants. Heureux tout simplement. Close by Your side...

A dream, A dream, A dream... Elle est là. En face de moi. Ses yeux d'un noir intense m'hypnotisent. Mais elle ne me voit pas. Elle ne m'a jamais vu. Elle regarde ailleurs. Les arbres. Les nuages. Les feuilles qui tombent. C'est l'automne. It's all I have of Her... Elle continue sa route. Elle marche entre ces foliations dorées qui se laissent délicatement charmer par l'attraction. Please let me Be... Je ne bouge pas. Je continue de la contempler. Comme depuis toujours. Un jour il faudra. Close by Your side...

1 février 2010

O'o...Quand les oiseaux chantent...o'O

La force des grands artistes, c'est non seulement de produire un album irréprochable (ou presque) mais aussi de soigner la pochette. Et de ce point de vue, celle de O'o se place très facilement dans les plus belles qu'il m'ait été de voir. De somptueux dessins d'oiseaux, d'une précision diabolique et d'une rare poésie. Même le livret intérieur est sublime. Quarante pages, avec chacune un oiseau magnifiquement crayonné. Sobre, simple, efficace, magnifique.
En ce qui concerne la musique, je vais vous avouer franchement que c'est une des plus grosses claques que je me suis prise depuis pas mal de temps. Ce ne sera pas le cas pour ceux qui connaissent John Zorn (du moins avec cette formation) mais pour moi, novice et initié, ça a réellement été un choc. Je ne vous parlerai pas de l'album en entier (ça serait trop long). Je ne vous décrirai pas chaque chanson avec trop de mots techniques (ça serait trop difficile). Je me contenterai de raconter l'album.
Car il s'agit bel et bien d'un voyage plus qu'un CD. Ça commence avec du jazz tout simple mais terriblement efficace : un piano qui groove, une guitare magnifiquement bien en place et surtout, la clef de cette album, un vibraphone. Car c'est lui la grande force de ce CD : un son extrêmement planant et une richesse mélodique incomparable. Le voyage commence donc tranquillement, la radio du bus allumée, l'ambiance sympa, décontractée. Et puis là, le bus s'arrête. On est arrivé. Des centaines d'oiseaux commencent à virevolter. On perçoit leurs sifflements, et on entend au loin de magnifiques plaintes inconnues. Elles sont certes répétitives (plus d'envolées auraient été les bienvenues) mais néanmoins hypnotiques. Le tout se déroulant près d'une rivière dont même le simple écoulement de l'eau se révèle envoûtant. Une fois ce spectacle terminé, arrive le moment le plus prenant, le plus bouleversant : Little Bittern. On a du mal à croire ce que l'on entend. Une sorte de bourdonnement mélodique incessant, devenant de plus en plus riche et de plus en plus sublime. On est à la limite du malsain, au bord de l'émotion, à la frontière des larmes, juste là où ça titille le cœur. La guitare et le clavier se joignent parfaitement pour former un tout d'une extraordinaire beauté. Au bout de 6:29 minutes, c'est terminé. On en revient pas. On se dit que c'est pas possible, que tout cela n'était qu'un rêve. Mais non, c'est bel et bien sur ce petit bout de plastique que ça s'est passé. Après avoir mit pause, histoire de se remettre de ce choc émotionnel, on poursuit. Then comes a Laughing Owl. Toute la splendeur du vibraphone est ici exploitée : un chant magnifique, résonnant encore dans ma tête et illustrant mes rêves les plus fous. Comment ne pas se sentir joyeux et rieur en entendant cela ? Comment ne pas succomber aux charmes de ce rapace nocturne ? Une fois envolée, nous voilà seuls, Solitaires. Et c'est parti pour une ode à la batterie, nous offrant ici un solo (tout de même accompagné des autres instruments, j'en vois qui prennent peur au fond) assez intéressant, autant sur le plan technique que mélodique (si si, c'est possible). 2:10 minutes de pur plaisir pour les oreilles et pour le cœur. Le fin du voyage approche, et soudain commence une ligne de basse d'une attraction assez incroyable. Elle semble ne jamais s'arrêter, pendant que les autres s'en donnent à cœur joie. C'est donc là que cette fresque s'achève. C'est fini. On a du mal à s'en remettre (je ne le suis d'ailleurs toujours pas). On se dit qu'on tient là un petit bijou, aussi bien esthétique que mélodique.


Après The Dreamers, John Zorn nous (re)sert ici de la très très grande émotion. Un chef d'orchestre, maîtrisant parfaitement ses musiciens (un Marc Ribbot à la guitare digne de Robbie Krieger, guitariste des  Doors : d'une précision et d'une intelligence sonore monstrueuses) et la musique en elle même. Il reste tellement de choses à dire, mais je préfère vous laisser écouter tout cela, et découvrir par vous même la richesse de cet album. Je tire mon chapeau à monsieur Zorn. Et encore merci.