11 février 2010

Spectateur de bourgeon

Alors que je bois le sang du Christ, 3 jeunes gens profanent une église à coup de musique satanique. Nous sommes dans une église anglicane d'un village hautement touristique. L'exaltation des passions musicales est de nos jours dure à pratiquer. En effet, la plupart des logements possèdent le même défaut, majeur, horrible et contraignant : la présence de voisins. Si j'étais architecte, je me débrouillerais pour combler cette lacune, mais ( heureusement) je ne le suis pas. Mais là, dans ce lieu sacré, il n'y a pas de voisins. Juste des pièces vides, des fontaines d'eaux croupies et quelques croix par-ci par-là. De ce que je sais de la théorie musicale, le batteur et le bassiste sont très liés. Le batteur s'occupe des remous, le bassiste des rouleaux. Les deux ont l'air de bien se connaître, ce n'est pas la première fois qu'ils se confessent ensemble. La dernière fois, il y avait un deuxième batteur. Mais aujourd'hui, alors que je mangeais tranquillement des frites avec un bassiste, un batteur m'a appelé et nous sommes aussitôt passés par le supermarché en embarquant un guitariste. Et d'un coup, le Rock. Des doigts dans tous les sens, sur les grosses cordes, les fines et les frites, les peaux et le papier. D'un coup, par surprise, le rock. En passant par la bière et le punk, jusqu'au whisky Hard Rock.
Si je bois encore, je pourrais chanter un peu. Le guitariste jette parfois un regard hagard sur les environs. Les deux cordiers s'échangent leurs instruments. Sex, drugs and Rock 'n'Roll, petits joueurs. La drogue c'est la pause clope, le sexe la pause pipi. Sinon on serait déjà Rock Star. Je joue un peu au piano et à la guitare, mais mon plaisir est à la mesure de ma dissonance. Leur son se fait plus sale à mesure que mon écriture s'enivre. Pendant quelques minutes je suis seul, alors que ces messieurs sont allés chercher bonheur chez le clown blanc au nez rouge. Je m'amuse à triturer les pédales de la guitare, à taper sur les boites. Je bois encore, un peu de tout. Peu après qu'ils soient revenus, que leur tintamarre ait recommencé, je m'endors sur deux chaises. Preuve que leur Rock instantané agit comme coup de pied au cul, autant que comme berceuse. Preuve aussi que je suis extrêmement fatigué...

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