25 avril 2010

Tu t'écoutes quand tu marches?





MANIFESTE
Musique.. les autruches n’ont jamais parlé d’autre chose.




C’est quoi ton monde à toi ? C’est quoi ta manière à toi de siffloter ? C’est comment quand tu marches ? Est-ce que tu regardes passer les trains quand tu passes à côté d’un bus ? Est-ce que tu entends des chants dans ta tête, des fois ? Est-ce que tu chantouilles, sifflotes, persifles, t’évades en chants divers, parfois ? C’est comment ta manière à toi de chanter des chansons ? Est-ce que tu t’écoutes quand tu marches ? Est-ce que tu entends le vent et les klaxons ? Ou plutôt que le vent et pas les moteurs ? Ou que les moteurs et pas le vent ? Est-ce que tu aimes bien écouter les machines ? Tu tapes avec tes doigts sur les verres à pied ? Est-ce que tu souffles dans les bouteilles de bière ? T’écoutes les cailloux ? Les galets ? Les pieds sur les bitumes et ceux des stylos sur les feuilles ? Est-ce qu’il y a des sons et des bruits ? Des notes et des non-notes ? Des choses qui s’écoutent et d’autres qu’on entend ? Est-ce que tu te dis ça quand t’écoutes de la musique ? Est-ce que tu dis « j’entends » quand quelqu’un parle ou qu’une mécanique tourne en boucle pas très loin ? La radio quand c’est hors fréquence c’est de la musique ou pas ? Si tu déplaces un peu, que ça grésille un peu, c’est toujours de la musique ? Est-ce que le silence c’est de la musique aussi ? Tout ça je me le demande. Je me demande souvent. Je me demande souvent. Je me demande souvent. Je me DEMANDE Je me


(Quelqu’un) Il a dit quelque part il y a ceux qui font de la musique il y a ceux qui n’en font pas. La musique se déploie seulement dans LE TEMPS. Elle n’existe que dans le temps. Une seconde c’est un son. Il faut au minimum plusieurs secondes pour faire une musique. DONC



(Quelqu’un) Il dit il y a des moments où il y a ceux qui font de la musique et ceux qui n’en font pas. Ça change souvent dans le temps. Ça change. Tout le monde dans sa vie fait à un moment de la musique. Il y a des gens qui ont des techniques, des manières de faire, des habitudes et des gestes. On les dit musiciens. Le mot élastique, selon les personnes c’est plus ou moins juste. Il faut savoir viser avec les mots. Mais les écarts sont chouettes aussi. C’est très différent quand on tire au fusil. Quand tu connais ces techniques là tu peux évaluer des écarts, des distances, des manières de bien refaire ou pas des modèles techniques. Des écarts dans les mots et les doigts. Tu peux. Tu peux être un peu spécialiste. Tu peux l’être sans jouer de la musique. DONC il y a des questions. Tout est dans les questions. Tout est dans les questions. Sur les comment tu regardes écoutes les choses. Ce qui fait question. Tu peux être musicien sans techniques. Être technique sans musiciens. Tu peux. Les combinaisons avec les mots c’est très infini surtout si les mots sont élastiques, s’écartent et s’étirent. Les mots qui s’étirent trop se reposent à la plage quand ils s’étirent trop. Quand un mot s’étire trop, fait trop grand écart, il devient comme un ciel qui couvre plein de choses, plein de choses qui flottent en dessous. Ça peut faire nuage, pluie sympa ou pas. Avec le mot amour ça fait joli ciel. Avec le mot voiture c’est un peu moins joli. Enfin c’est pas sûr je me demande je me demande je



Avec les mots aussi on peut faire de la musique, avec des syllabes du lettrisme, avec des phrases de la poésie, avec trois phrases une chanson, avec les mêmes mots un refrain, avec un phonème un chant, avec du latin une liturgie, avec le mot Dieu des prières, avec Love une chanson pop, avec des mots on peut faire beaucoup ici, les phrases et les phrases bout à bout sont des instruments pour les mots DONC


La musique serait une certaine manière d’agencer des choses ensemble, agencer des choses qui s’entendent, en faire une espèce de suite, de chemin. Les musiciens sont des petits poucets, ils ont des notes dans les poches plutôt que des miettes et des petits cailloux.
Ce jeu de définition en variations des curiosités langagières et phraséo on pourrait le continuer longtemps, le faire chanter danser varier sur des pages, dans harmonie ou pas, avec construction constructivité transition transitivités ou pas. Ou pas. Ou si.



Toute une forme d’écriture marketing ou non peut encenser chaque album de musique, citer quelques filiations, d’un musicien l’autre tous les échos sondés sonorisés repérés repérables. Construire comme ça à chaque fois des racines et des arbres, avoir une centaine de chroniques au plus vite, dessiner quelque chose comme un champ d’érable. Des racines à quelques branches et leurs variations. Il y aurait du linéaire. On introduit comment les dissonances et les ruptures, tous les rythmes différents, les profonds écarts, tout ce qui en somme fait la musique depuis la fin du XIXème siècle. Les canons ont 36 fois explosé, tant de fois parfois que nul ne se souvient si ils ont jamais existé. En vérité ils existent encore. Chacun chacune est capable de reléguer à tel ou tel domaine musical un morceau, d’effectuer un tri dans l’ensemble des registres connus (jazz, musique classique, rock, metal, funk, chanson française, bruit,…).



Les seules questions qui nous intéressent dans la musique sont affaire de contextes et de formes sensibles, de sensibilités, de manière de circuler dans le monde et au milieu des autres. La musique, cette musique là, ça travers comment les corps, ton corps et mon corps ? Non pas c’est quoi cette musique pour toi, elle te fait quoi à toi, mais la tentative d’une inversion. Ça fait exister quoi comme corps, souffles, mouvements, rythmes, démarches, regards, écoutes, rapports aux choses, manières de parler, de faire sonner les mots et les sons dans ta tête et ta vie. cette musique là. Peu importe laquelle. Qu’est-ce qu’une musique fait exister comme monde et comme personne entre deux oreilles ? Cette question est indissociable d’une autre, dans quel contexte se joue une musique, quelle communauté de joueurs et d’auditeurs fait-elle exister ? Quelle distance entre les deux ? Comment est-elle produite, diffusée, publicisée? Où et quand est-elle écoutée ? Dans quels lieux ? Et comment ?




C’est quoi les désirs dont une musique est porteuse ? C’est quoi les manières d’être affectés qui s’y dessinent ? Les types d’affects propres à leur écoute ? C’est quoi les différents faisceaux sonores qui font qu’une musique relève du blues plus que du reggae ? Qu’est-ce que nous apprend une musique sur les développements du sensible et du monde ? C’est quoi les perceptions de certaines musiques et d’autres ? Quelles expériences sont vécues à travers une musique ? Est-ce que cela augmente nos puissances d’agir, l’extérieur devient menaçant ou rassurant ? terrain familier ou expérience inconnue plus ou moins lointaine ? Quel rapport au monde, aux sons ? T’es crispé par la peur ? Envahi par des larmes ? plongé dans confortable ronronnement ? Chahuté de tous les côtés ? Entraîné malgré toi ? En grand effort d’écoute et concentration ? Plutôt surexposés ou suffisamment distants ? Écoute d’ambiance ou plongée en interne ?




Certains chansons on les entend en boucle depuis qu’on est petit. Elles passent sur toutes les radios, certaines plus ou moins longtemps, plus ou moins éternellement. Wonderwall on l’entendra probablement pour toujours ou presque. Si tu mets ce genre de chansons, connues à peu près par tous et toutes, ça donne à chacun chacune l’impression agréable d’être un peu chez soi. De retrouvailles avec toutes les autres fois où cette musique a été entendue. Fond commun d’expériences partagées. Comme on marche au milieu d’une habitude. Un peu comme certains mots ont le même sens, immédiatement, sans écarts sans doutes, certaines musiques sont un peu des balises, des points de repères, des phares dans la nuit et les terres inconnues.


Il y a beaucoup d’écarts entre une musique jouée par une bande d’amis-ies qui s’éclatent ensemble, qui essaient en tout cas, s’y risquent et s’y enchantent et celle pensée d’avance pour se plier à la demande, et se glisser dans les listes de tubes. Et dire cela, c’est enfoncer des portes ouvertes ou bien je me trompe ?


La noise n’est pas qu’affaire de bruits. Les groupes de Screamo hurlent et pas seulement. La pop n’est jamais pop. Le rock’n’roll c’est mille et une choses. La Drone vive la drone dans les corps. Musique concrète et érotisme. Musiques étranges et discursifs.
Les autruches courent et courent toujours


Il y a cet éternel exemple d’un mot dans la cour de récré, At The Drive-In, et des réponses qui suivent « personne connaît ton truc » « ça doit être trop nul » « c’est un truc de perdu », et At The Drive-In en tête des charts aux USA. La mondialisation c’est bizarre.
Rien n’existe si c’est pas partagé.


Il y a des concerts punk à prix libres toutes les semaines et la plupart des concerts de jazz qui demandent des billets. La musique contemporaine dans les conservatoires à prix cher, des livres sur la musique de John Cage, et les salles de concert pour le reste, et pas beaucoup de livres dessus sauf des biographies qui racontent les frasques des stars du rock…
Il y a le fan de metal cheveux longs et gras cachés dans ses chaussures, l’amateur de classique qui perd jamais ses lunettes, le premier concert punk où tu bondis sans cesse, et les concerts entre spécialistes du harDCore Emo family où tu restes statiques en te grattant l’oreille et hoche de la tête…


NOUS VOULONS FAIRE DE LA LITTÉRATURE AVEC LA MUSIQUE ET DE LA LITTÉRATURE EN MUSIQUE
TOUTES LES MUSIQUES PRODUISENT DES AMBIANCES, DES OREILLES, DES CORPS ET DES MONDES, DES SENSIBILITÉS
DES QUESTIONS ET DES MOTS (souvent à trouver)

BOSS SMILEY



La fabrication de cette compile remonte à un certain temps. Je cherchais alors à récolter plusieurs chansons se rapportant à une certaine image de bonheur en barquette. Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit, de bonheur, de sourire, de légèreté folle, de liberté infinie. Après avoir longuement étudié la question, j'ai gravé tout ça sur un joli CD. Un peu de tout qui vient d'un peu partout. France, Canada, Angleterre, Espagne, Italie, Pays-Bas, Japon.  Puis un beau dimanche matin ensoleillé, je me suis réveillé en musique. Après avoir dansé à moitié tout le long du CD, je suis partis à l'aventure. Lors de cette belle journée, j'ai eu droit à un miracle. Ça n'arrive pas tous les jours les miracles, alors depuis j'attache une certaine importance à toutes ses chansonnettes. En espérant que vous aussi vous aurez droit à un miracle ...



Boss Smiley - Hello
Extrait d'une boite à rire du roi Lion. Trésor de l'enfance.

Mendelson - La vie est pleine de surprise
Un monsieur français heureux qui parle nonchalamment. Des petites histoires joyeuses.

Chocolat Billy - Versailles
Flux de liberté. Avance dans tous les sens. Un amoureux qui marche dans la rue.

Velvet Underground - Sunday Morning
Berceuse pour rêve éveillé. Harmonie qui s'adapte à la saleté du réel.

Battles - Atlas
Glutissement sauvage. Troupeaux de Bisounours dansant.

Toychestra - Sittin' pretty
Des jouets candiens partout. Des jouets pour tout le monde. Youpi !

Techno Animal - Sub Species
Rouleau Compresseur qui avance inexorablement vers le saut de joie.

Sonic Youth - I'm Not There
Chant d'amour trafiqué pour mise sur pied d'estale et ascension du 7ème ciel.

De Kift - Nauwemijet
Je comprend rien au hollandais mais je suis heureux. Alors je souris.

Ovo - L'anno del cane
Italiens préhistoriques. Sorte de danse de cérémonie pour invocation de la joie.

Los Planetos Del Agua - Column A Column B
Tranquille extase d'un apaisement mérité.
 
Mendelson - Je me réveille
Parfois la journée a commencé mais on est comme encore dans un rêve. Tout est parfait.

Toe - Everything Means
Petite ballade nippone sur les rives du plaisir.

Deerhoof - Flower
La puissance des fleurs à la japonaise. La suprématie des Arc-en-ciel. La tyrannie des sourires, entre vos oreilles.

Chocolat Billy - La ferme / appendice poupoule
L'euphorie animale suivie du dérèglement hystérique de tout les sens par un afflux massif de joie.

The Flaming Lips - Yeah Yeah Yeah Song
Sentiment anglais de l'invincibilité. Quand tout va bien, alors forcement, tout va bien.

Think About Life - Paul Cries
Marche au milieu de bourgeons en explosions.

Do Make Say Think - The Universe!
Les soucis disparaissent derrière. C'est quand même bien fait, l'univers.

Nick Cave and The Bad Seeds - There She Goes My Beautiful World
Ce genre de piano, de voix sur d'elle même me rassure beaucoup quant au futur.

Toe - Goodbye
Pas à pas, la mélodie joyeuse se construit. Ça monte doucement des orteils jusqu'au lèvres. A la fin on entend même des chants d'oiseaux.



Illustration de Sandman

12 avril 2010

Du rififi chez les Ornithorynques...

Grand moment de solitude qu'est ce lundi soir. Plus qu'une semaine et un jour avant le début de la fin. L'aboutissement de 3 années. La conclusion d'une fresque plus ou moins épique. Le dénouement d'une longue histoire. Cet article n'a pas pour vocation de mettre en mots mes lamentations ou quoique ce soit de ce genre. Même si je voulais, je ne pourrais pas parce que ça serait faux. Oui ça a été difficile, voire même rude; mais ça m'a surtout apporté pas mal de trucs et confirmé une chose que je savais déjà : la musique, c'est la vie ! Oui c'est un, cliché, un poncif, un truisme, une phrase bateau, réchauffée; mais elle a le mérite d'être particulièrement vraie.
J'en aurait écouté des choses pendant ces 3 putains d'années (et pas toujours les même contrairement aux dires de certains !) et j'aimerais vous les faire découvrir. Vous pouvez considérer cela comme une sorte de Best-Of des musiques qui me font vibrer, pleurer, jouir quand ça va mal ou ça va bien (surtout ^^). En partant du rock et en terminant par le blues, sans oublier l'ambient, le space, le folk, le jazz et même le hip-hop, voici la liste des morceaux qui me font (et me feront toujours) dresser les poipoils.


# When The Levee breaks - Led Zeppelin #
Celle qui m'a fait découvrir Led Zep, bizarrement (et non ce n'est pas Stairway To machin mouahahahahaha j'aime être marginal !). Ce riff de guitare obsédant et cet harmonica derrière, le tout avec pas mal d'écho (il faut dire que le morceau a été enregistré dans le hall d'un manoir), je trouve ça absolument sublime. Le groove de Bonham est juste exceptionnel et la résonance de ses cymbales font de ce morceau une petite perle.

Interlude : 
Attendez vous à une déferlante d'adjectifs sur-qualificatifs et de superlatifs. Je n'irai pas avec le dos de la cuillère et je n'aurai pas peur des répétitions.

# You And Whose Army - Radiohead #
Un des premiers morceaux que j'ai connu de Radiohead (quelle coïncidence décidément !). La montée de la fin me fait toujours autant chavirer. J'en ai toujours la même larme à l'œil. Ce piano combiné à cette voix, c'est magique. Idéale pour s'évader quelques minutes et s'auto-flageller.

# Boogie Mix - Jean-Jacques Milteau #
Tout simplement le meilleur morceau d'harmonica existant à ce jour. Un bijou. Il faut dire que Milteau maîtrise tellement bien son instrument ! Un des morceaux les plus jouissifs que je connaisse. C'est juste impossible de ne pas bouger et de sauter partout. Plus je l'écoute et plus mes poils se dressent et mes jambes et mes bras s'agitent. Remède parfait pour les coup de blues ou même pour rendre un bon moment encore plus bon comme dirait l'autre !

# Bron-Y-Aur Stomp - Led Zeppelin #
Pour moi, une des meilleurs chansons acoustique qui ait jamais été créée ! A chaque fois que je l'entends, je m'imagine au coin d'un feu avec des potes, tous en train de taper du pied et des mains. Elle rend heureux, tout simplement.

# The Wagonner's Lad - Bert Jansch #
Celle qui a inspiré la chanson se trouvant juste au dessus (ah ben ça alors, comme chest bizarre !). Encore ce Bert Jansch (et oui !). L'homme qui faisait de la guitare l'instrument le plus touchant. Celui qui sortait de 6 pauvres cordes des mélodies magnifiques. Elle aussi elle rend heureux. Y'a juste pas d'autres mots.

# 19-2000 (remix) - Gorillaz #
Elle provient de leur premier album, en fin de tracklist. Elle est exceptionnelle !! Ça vous donne une pêche du feu de dieu ! En plus de ça, le clip est assez sympa. Il faut souligner également que ce premier album est un pur chef d'œuvre (contrairement au dernier =D).

# Milkcow's Calf Blues - Eric Clapton #
Attention, on a affaire ici à un des meilleurs morceaux de blues qu'il m'ait été donné d'entendre. De manière générale, cet album, Me & Mr. Johnson, fait partie des meilleurs albums de blues que j'ai jamais entendu. La batterie est écrasante, la voix de Clapton poignante... Enfin bref, une perle (encore une !). Je pourrais mettre toutes les chansons de l'album tellement il me fait de l'effet, mais je vous laisse le découvrir par vous même si cela vous chante.

# Nothing But Sunshine - Slug #
Un morceau de hip-hop que je trouve assez remarquable. Le riff de piano qui soutient la chanson est sublime. Ça groove bien, la mélodie globale est vraiment prenante. A écouter quand on ne sait pas si ça va bien ou pas...

# Brain Damage/Eclipse - Pink Floyd #
Les deux chansons qui concluent l'album le plus cohérent du monde (rien que ça !) : The Dark Side Of The Moon. Impossible d'en écouter une sans écouter l'autre. Elles se suivent, elles s'enchaînent, elles se complètement (en fait, il faudrait écouter l'album entier mais bon...). Elles ont un coté épique qui est extraordinaire : ces cœurs qui bouleversent le notre, ce clavier qui est incroyable etc... Parfaites pour clôturer une journée.

# It's Gonna Be Alright - Tokyo Sex Destruction #
Elle est super courte (1:23) mais qu'est-ce qu'elle pète !!! C'est incroyable ! Le refrain est d'une puissance phénoménale. Ils sont forts ces espagnols ! Elle est parfaite pour commencer une journée, ou juste avant de faire quelque chose qui me stress (les paroles sont bien adaptées en plus ^^).

# With My Maker I Am One - Eric Bibb #
Extrait du chef d'œuvre d'Eric Bibb "Booker's Guitar". Un blues minimaliste (comme tous les autres de cet album, ce qui en fait sa force) mais d'un rythme terrible. La voix, la guitare et l'harmonica me font chavirer à chaque fois.

# Chicken It - Memphis Gold #
Tirée de l'album The Prodigal Son, qui lui aussi fait partie des plus grands albums de blues de tous les temps (il y va fort le garçon didonc). C'est une instrumentale, avec de l'harmonica, de la bonne guitare et surtout....surtout....le meilleur piano que j'ai jamais entendu de toute ma vie (en terme de blues j'entends !). Je n'ai pas peur de le dire : c'est monstrueusement exceptionnel, extraordinairement incroyable. A chaque fois que je l'écoute, je deviens probablement un des hommes les plus heureux de la Terre (Federer exclu).

# Ramling Gonna Be The Death Of Me/Running From Home/Courting Blues - Bert Jansch #
Trois magnifiques chansons folk, tirées du premier album éponyme, d'une simplicité et d'une "mélodicité" ahurissantes. Encore une fois, Monsieur Jansch nous sort des mélodies à tomber par terre. Et je plonge volontiers dedans à chaque écoute.

# Norwegian Wood - Buddy Rich #
Une reprise jazz de celle des Beatles (qui est aussi pas mal du tout) qui bizarrement me met dans tous mes états. Elle dépote du début à la fin, ça monte continuellement en puissance, jusqu'à arriver au bout, où c'est une explosion d'émotions. Juste fabuleuse.

# Big Ten Inch Record - Aerosmith #
Je tiens à dire que je ne connais absolument pas ce groupe. Juste cette chanson. Et elle est vraiment pas mal !! Du blues tout simple mais terriblement efficace. J'adore particulièrement la petite partie harmonica que je trouve fabuleuse. Elle est courte mais tellement prenante.

# Lucille - Deep Purple #
Je parle ici de la version live sur l'album "Made In Japan". Le rock à l'état pur. Impossible de ne pas bouger sur celle là non plus. Un problème persiste : je ne trouve pas d'enceintes assez puissantes pour profiter pleinement de ce putain de morceau...

# Lost And Found By Trial And Error/Hodge, Podge, Strained Through A Leslie/Resurrection - Steppenwolf # 
 Ces trois bijoux s'enchaînent pour conclure le deuxième (et meilleur) album de Steppenwolf, "The Second", et je ne comprend pas vraiment pourquoi je les aime tellement. Il y a une telle harmonie qui se dégage, ça fait vraiment du bien. Et puis les paroles sont assez sympa. Quand je les écoute, je suis forcément heureux après.

# Makahaa/Ullwati/Little Bittern/Solitaire - John Zorn #
J'aurais pu (dû) mettre les 3 albums que sont The Gift, The Dreamers et O'o (dont la chronique se trouve plus loin sur le site) car ils font partie des plus grosses claques que je me suis prises. A croire que le mot 'mélodie' a été créé par M. Zorn lui-même. Chaque chanson me retourne le cœur et me prend les tripes avec une force rarement égalée.

# Time Is Coming - Moutain Men #
Un groupe (ils sont deux en fait...) de blues français. Mais qu'est-ce qu'ils sont bons !! L'album "Spring Time Coming" est une petite bombe et celle là en particulier me touche plus que les autres. La mélodie est assez incroyable et est d'une telle force !

# The End/When The Music's Over - The Doors #
Deux grands classiques mais tellement bouleversants. Deux espèces de grandes fresques épiques musicale tellement poignantes. Et en plus, il m'est impossible de ne pas associer le début de The End au début de Apocalypse Now, qui est tout aussi bouleversant, histoire de renforcer encore ce coté déchirant qui me fait mouiller les yeux à chaque fois.

# Around The Sun - REM #
Celle qui conclut leur album "Around The Sun" qui est pas mal dans l'ensemble. Mais celle là est assez exceptionnelle. Elle fait monter très haut. Elle pourrait être la retranscription d'un rêve magnifique. Elle est juste parfaite pour terminer une session d'écoute dans son lit, quand on est entre la réalité et le sommeil profond.

# 1969 - The Vines #
Un groupe de punk-rock, je ne sais pas trop à vrai dire. Je l'ai découvert par hasard grâce à un pote et j'ai acheté leurs deux premiers albums. Et puis j'ai découvert ce morceau : 1969. D'une force mélodique ahurissante. Je mets toujours du temps à m'en remettre à la fin. Ça
monte, ça monte et puis ça explose et c'est tout simplement magnifiquement magique. La ligne de basse à la fin est extraordinaire. Elle aussi me fait verser quelques gouttes à chaque écoute.

# Rock And Roll - Led Zeppelin #
3:40 de pur bonheur. Du wokandwoll tout simplement, mais tellement efficace et maîtrisé. Cette intro à la batterie me fera toujours autant vibrer. Rien de plus jouissif que de la jouer avec mes potos et de matraquer cette pauvre charley à coups violents de baguette. J'ai même gravé son nom derrière mon MP3, si c'est vous dire à quel point je suis atteint... Pour moi le plus grand morceau de wokandwoll que l'Homme puisse être capable de créer. Tout simplement (c'est qu'il a pas peur des mots le garçon !).

#La Femme D'Argent - Air#
Musique sublime que j'ai découvert chez Ben. Elle (la chanson :P) m'a fait acheté l'album entier. Mention spéciale pour le riff de basse qui joue énormément sur la beauté de la mélodie. Difficile de ne pas verser une ptite larmouillette à chaque écoute.

# Where Eagles Have Been/Mind's Eye - Wolfmother #
Toutes deux tirés de leur album éponyme. En fait, j'associe des chansons à une personne (au hasard une fille) à laquelle je tiens énormément et qui a pas mal bouleversé ma vie (rah, ça empeste le gnagnan et la guimauve mais qu'y voulez vous, c'est vrai...). Alors bon, ces deux bijoux, quand je les entends, je suis vraiment tout chamboulé et mis sans dessus-dessous. Une bombe émotionnelle à la puissance inépuisable.

# In The Waiting Line - Zero 7 #
Je finis par celle qui m'a le plus bouleversée durant ma petite vie. Sincèrement, on oublie tout ce qu'il y a avant et on se concentre sur celle là tellement elle est exceptionnelle, magnifique, superbe, extraordinaire, magique, splendide, majestueuse, olympienne etc... Elle aussi est associée à la même personne citée précédemment mais d'une manière encore plus forte. Pour l'anecdote, quand j'ai découvert cette chanson, je l'ai écoutée 49 fois en deux jours (on sent le matheux qui a besoin de compter). Elle me fait littéralement chialer (bon là j'exagère d'accord) à chaque écoute. Parfaite pour l'auto-flagellation émotionnelle. Idéale pour les dépressions locales.

Et c'est ainsi que se termine ce Top 20 (je ne remonterai pas en haut de la page pour adapter ce chiffre au nombre réel de chansons que j'ai postées). Je n'aurai pas travaillé ce soir mais peu importe. Au moins, j'aurais mis sur table les morceaux qui m'ont accompagnés et qui m'accompagneront toujours tout au long de ma vie, et que ni mon cœur, ni mon cerveau n'oublieront jamais.

PS : Je tiens à remercier le site Synonymes.com, qui m'a bien aidé dans les éloges des tous ces morceaux.

11 avril 2010

Jardin serein


Clogs - The Creatures in the Garden of Lady Walton



Posons-nous un instant. Avachis sur le canapé alors que dehors les rails avancent. La tasse sur le bord de la table. Le thé qui infuse. Tant que le thé infuse, tout va bien.
Reposons-nous un instant. C'est avec les yeux fermés que l'existence de la lumière apparait la plus évidente. Les accords chauds du dimanche soir, les bouts de bois pour les enfants des champs, la voix de la nymphe, celle de l'elfe.
Apaisons-nous un instant. À côté de ronflements, sous les étoiles. S'il peut y avoir de l'amour entre un violon et un rouleau compresseur, nous sommes tranquilles. Il suffit de retirer le sachet, d'en extraire les quelques gouttes de nectar à l'aide d'une pression bien ajustée. Il y a tout le sucre qu'il nous faut. À la bonne température, c'est un délice.
Déposons-nous un instant. Le coeur bat à son juste rythme. L'Eau, la Terre, le Feu, l'Air, entre le coussin et l'oreille. Driade et Zéphir nous prennent par la main. L'aube, l'aurore et la belle matinale emplissent l'espace en deux notes consécutives.
Oublions-nous un instant. Juste le temps d'une tasse de thé, des nouvelles fleurs, du bleu renouvelé, des hormones gonflées, des sentiers d'herbe frais. Grand soupir de soulagement qui s'étend sur une cinquantaine de minutes. Vibration d'énergie sonore. Un éclat, simple feuille voguant sur l'étang, reflet d'un arbre sur l'eau calme.

10 avril 2010

Tentative de Noise-isure

Cet article a pour but d'ouvrir l'oreille vers les tréfonds de la musique, les bas fonds de l'harmonie, les plafonds de la dissonance, le son de la NOISE.


La première fois que ce chant de sirènes putrides m'est parvenu aux oreilles, je n'en ai pas compris le sens, le but, la raison d'existence. Pourquoi donc ces méchants garnements s'amusent-ils à produire des sons inaudibles, répétitifs et absolument vides de toute harmonie ? Voici ma subjectivité :

La noise est avant tout une démarche plus qu'un produit fini en soi. Une expérimentation sonore poussée à son paroxysme. Le but étant de repousser les frontières, de percer la coquille, de gratter les parois de la réalité qui nous emprisonne.

La société dans laquelle nous vivons n'est pas toujours très plaisante. Nous, bourgeois ayant accès à la cuvette internet, à la boisson à gogo, à l'éducation supérieure, à des milliards de connaissances entassées sur des pages blanches. Nous qui parfois nous levons le matin avec une brume dans la tête, nous sentant seuls, un coton-tige coincé dans les oreilles. Metro boulot dodo, serie télé ou devant la nintendo. Absence de sens, impression de s'être perdu, heureux puis triste en quelque mouvement de bras. Pouvoir être tout le monde et ainsi avoir l'impression d'être personne. J'appuie sur un bouton et mon café arrive, j'appuie sur un autre et ce sont mes sushis. Devant mes yeux aliénés des Africains, qui pour changer, meurent encore et toujours. Des bites inconnues qui flirtent avec des animaux en tout genre. Mon voisin de droite me jetant son paquet de mouchoirs à la gueule, parce que je suis enrhumé. Tout seul sur mon canapé en train de mangé un bon repas qui était destiné à être partagé avec elle. Toutes ces choses horrible, chaque soir avant de se coucher, chaque matin avant d'aller pisser. L'envie de rester dans mon lit pour toujours, loin de tout. Ce que certains appellent le BLOOM, la déprime chronique, la dépression postnatale.
Pas glorieux. Un tableau assez noir. Bien sûr ce n'est pas toujours comme ça. De la même manière, il est déconseillé de n'écouter que de la noise. Simplement parfois ça arrive. Et alors, on voudrait que toute cette nous apparaisse clairement entre les mains, qu'elle cesse de se cacher entre deux moments de joie. L'avoir là, devant ses yeux, dans ses oreilles. Pour pouvoir la comprendre, et l'écraser en trois coups de cuillère à pot. Puis repartir de plus belle, en avant, échapper pour quelque temps à cette nuit qui nous pourchasse, et qu'on a laissé agonisant sur le bas-côté de la route. Parce que l'on est résistant fort, et même invincible.
En soi, courir sur une grande distance en suant, en souffrant, en ressentant chacun de ses muscles qui se tirent, n'apporte aucune satisfaction. C'est l'état second, entrainé par cet effort, le flottement de réalité lorsque l'on entend plus que le bruit programmé de ses pas sur le sol, qui nous conduit à entreprendre cette activité éprouvante. L'impression, à la sortie de ne plus être le même. D'être plus loin plus haut ou plus profond. La grande satisfaction qui en découle. Pendant quelques instants, avoir réalisé quelque chose qui sort de tout système de pensée social, bourgeois, commercial, logique, rationnel, réel, économique ou gastrique.
C'est en cela que l'écoute de noise est un acte poétique, d'un humain face à l'univers qui l'entoure. Parfois, quand tout semble vain, cela devient une necessité. Blablabla.

Maintenant que cela est clair dans ma tête et un peu moins dans la vôtre, attaquons-nous à la pratique. Voyage au centre du chaos en quelques chansons, progressivement.Certain disent que la Noise commence avec Grosse Fuge du grand Beethoven. Forcement, un compositeur sourd de génie qui compose de la musique inaudible divine,  une genèse de la noise qui parait logique. D'autre avec les 4 minutes 33 de silence de John Cage. Il y a aussi toute la sphère de la musique expérimentale avec Pierre Boulez.



Mais commençons par le Velvet Underground. Premier exemple de noise " commercial". De jolis accords de guitare avec de temps un temps quelque chatouillement des parois du réel. Plus tard Lou reed concrétisera avec Metal Music Machine, mais c'est une autre histoire.
Ensuite, passons par les Stooges. Groupe d'idiot qui ne chercher plus une quelconque beauté ou classe, mais simplement à se rouler dans la merde avec le vomitif Fun House.
Grand pas temporel avec Magic Markers, faux jumeaux de Sonic Youth, pour rester dans cette hargne rock'n'roll, remous de bile.
Descendons plus profond dans la fosse septique, et passons aux Australiens The Dead C. Un ciel riche en nuages sombres et chaos celeste.Ca commence à sentir mauvais... Une petite touche d'ambiance répétitive et apocalyptique avec Boredoms.
Bifurquons par l'électron avec les récents Fuck Buttons et leur Noise Florale dont j'ai déjà parlé dans un ancien article. Histoire de sentir les nappes sonores lancinantes nous envahir.
Là, nos oreilles commencent à être rodées. Notre esprit est endurci, prêt à supporter toujours plus.
Lightning Bolt nous donne un petit stock de rage. Basse sauvage et batterie tribale pour un merveilleux arc-en-ciel à travers une couronne d'orage.
Puis, les Suisses de Shora, grésillement noir, guitare prophétique qui nous guide vers d'autres confins.
Enfin, Boris en association avec Merzbow, pour garder un fond de guitare. Désormais il fait tout noir.
Finalement Merzbow. Et là le néant musical, le BLAST dans les oreilles. Grattements de parois sur grattement de parois.Il y a surement des tas d'autres messieurs qui font des choses aussi horribles que lui. Mais c'est déjà assez dur comme ca pour ne pas avoir besoin d'élargir la chose.
C'est la première chanson que j'ai entendue, et surement celle que je maitrise le mieux. Une grande plaine en éruption.Très peu de femmes là-dedans. Aux antipodes du féminisme. C'est un peu l'inverse d'un trip-hop portisheadien.
Il y en a d'autre qui suivent, c'est toujours le même geste, mais sur d'autres surfaces de la réalité.

3 avril 2010

Du nouveau chez les polygones

We are a band and we make rock'n'roll with guitars - Rectangle

Depuis le temps qu'ils sont partout autour de moi, je me devais de faire un peu de pub pour eux. Voici arrivé le premier album de Rectangle. Si vous aimez le rock, le lourd, celui que l'on fait dans un local ou sur un scène en buvant de la bière, alors vous pouvez aimer Scotch Test.
Que dire de cet album? Quelques musiques connues depuis avant la démo vieille de bientôt trois ans, quelques nouveautés qu'on entend depuis quelques temps dans leurs concerts. Les ingrédients sont toujours les mêmes. Du rock gros, lourd, souvent crade. Le ton est donné dès le début de Valsemütze. Suit directement Milkshake, un classique pour ce petit groupe hantant la Suisse Romande depuis 6 ans. Mais la suite de l'album, qui contient quelques titres dans un registre un peu plus mélodieux, mérite qu'on s'y arrête. C'est souvent glauque, mais ce n'est pas méchant. Ça s'écoute fort, ce n'est pas inoffensif. C'est un voyage dans les profondeurs des caves citadines. Quand les paisibles bourgeois dorment dans leurs lits, quand les derniers d'entre eux rentrent innocemment dans leur foyer, parfois quelques notes qui les effraient sortent d'une grille au sol, comme si l'enfer régurgitait le surplus de bruit encombrant ses allées. Ces sons, c'est le dégomme rock qui avance, qui fait son chemin dans toutes les villes et dans tous les sous-sols. Lentement, celui-ci s'insinue dans la vie de tout le monde. Mes enceintes crachent avec mélancolie les accords du quart d'heure américain. Mon chat me regarde, couché sur le côté, l'air paisible. Les paroles apparaissent, il ouvre un peu plus les yeux. Il écoute dans une attitude de transe et de surprise. Cette musique plaît aux animaux, à l'image de ceux qui, gueule ouverte, décorent le livret du CD. C'est un rock bestial, coloré et hurlant. Un premier album digne d'attention, plein d'énergie et de rage.

Complainte du Fermier


Left Lane Cruiser - All You Can eat



Bondiou de bidiou ! Voilà enfin d'la bonne chair ! Avec ca moi je t'le dis, des bonnes recoltes qu'on va pouvoir s'faire. C' sent bien le foin là dedans, on s'croirait au milieu du tas d'fumiers d'Bernard. J'entend très les biens les coquottes et la grosse vache lachant son magot. Le son du boix qu'on coupe, l'tracteur qui rouille. Ces paysans là, tedieux ils en sont pas à leur premiere bouse ! Mais faut dire qu'avant, c'etait un peu indigeste, on n'arrivait jmais à les suivre jusqu'au bout. Et là ce coule comme du lait, alors que c'est tout moche. Pas bien compliqué de traficouiller comme qu'ils le font, et pourtant vingt dieux qu'c'est bon !
Puis faut pas croire hein, les travaux d'la fermaille c'est plus pres d'nous qu'on ne le pense. Par exemple là, comme ca, j'avais l'cul poser sur la chaise en train d'ecrire cte truc quand j'ai dus aller aider mon vieux à becher la terre. Vas-y que jt'e donne des coups dan la grande gnioule marron. Jamais à l'abris hein. Faut s'rend conte que tout bourgeois qu'nous sommes, il fait bon de se salir les mains et les oreilles tin en temps. Un pt'it tour là d'dans fait toujours du bien. Ces gaillards là sont ptètre pas les meilleurs, mais on va pas chier dans le boudin hin. Faut manger équilibré qui disent tout le temps sur tfin', ben voilà, si vous voulez du bon poulet fermier, bien gras té dodus, vous êtes servis maintnant ! Alors fourrez moi cte boustifaille dans les deux trous du bidon qui vous sert de tête, et pis vite qu'ca . Boulègue amigos !

Liliane replonge en enfance

Je ne vous présente plus notre écrivaine préférée, la grande Liliane ( et puis de toute manière je n'ai aucune information, que des lettres). Voici donc un autre de ses textes, que nous allons soustraire à l'analyse, puis que nous essayerons d'accompagner d'une bande-son correspondante.

La petite-fille trépignait de rage et d'impatience. Elle avait passé toute la journée ensoleillée vers son papi et sa mamie à faire des mines et des sourires, manger des biscottes sèches, des biscuits et entendre des « ma chérie » parfois « mon trésor »à la fin de toutes les phrases. Elle aurait infiniment préféré grimper dans les arbres, tutoyer les oiseaux et se baigner sans surveillance dans la mer.
Lorsqu'elle entendit ronfler dans la chambre à côté de la sienne, elle prit un pull-over marin, but longuement à même la corolle des glaïeuls – son père, qui les appelait des arômes, disait qu'elles désaltéraient si nécessaire – et partit dormir au bord de la mer.

_ La petite fille. Nécessité de sonorité enfantine, d'une simplicité toute naïve rappelant les douces rêveries de l'enfance. En plus c'est une petite fille, alors si possible une musique lascive, jolie et gentille.
_ rage et impatience. Il faut que ça pète quelquefois, que l'on ressente une tension, une attente. Et en même temps un certain ennui, une certaine lassitude.
_ passé toute la journée ensoleillée vers son papi et sa mamie. Pas forcément passionnant comme activité. Peut-être un petit charme désuet dans la chanson ne ferait pas de mal ?
_ ma chérie. De l'amour. Pas de haine, même si à cause des ancêtres notre jolie petite fille n'a pas pu se balader sur la plage.
_ Lorsqu'elle entendit ronfler. Une rupture durant la chanson serait la bienvenue. Un avant ronflement, un après scrabble. Deux parties donc. Et une fin apaisée, puisque finalement on a droit à un beau dodo sur le bord de mer.
_arbres oiseaux Mer. Quelques accords marins. Quelques écumes blanches entre deux notes. Mais aussi de la nature simple, couche de mousse et nid de brindilles.






Au bout d'une longue journée, la petite fille est enfin seule avec la mer. Des arômes explosent dans le ciel, alors que ses paupières se ferment. The Only moment we were alone, d'Explosion in the Sky, sur The Eart Is Not A Dead Cold Place. Banale montée en puissance, mais la recette mille fois appliquée par ce groupe marche toujours. Certes, on n’a pas beaucoup de mer. Mais on a de la rêverie, de l'innocence. Un changement de rythme vers la 7ème minute, une rage enfantine quant enfin les vieux sont aux lits.



Les arbres, la nature. Elle ne pense qu'à ca, elle n'a que ca en tête, In mind. Le post-rock canadien de Do Make Say Think à l'un de ses plus hauts niveaux, sur You, You're A history In Rust. Un petits air naturel et joviale. Ce n'est pas si ennuyant que ca les grands-parents, et puis finalement tout est bien qui finit bien, et après quelques ronflements la liberté s'offre à elle. L'outro en note de banjo correspond tout à fait au sommeil, mérité après une longue journée.



Elle doit bien avoir passée les 5/4 de sa journée à s'ennuyer, à rêvasser. Comme le montre Clogs sur Lantern, c'est un peu triste de ne pas profiter de la nature environnante. Mais juste un peu alors, puisque la chanson est à la fois mélancolique et porteuse d'un bonheur sous-jacent.



Notre jolie petite fille s'appelle Sarah. Et le groupe de rock instrumental The Samuel Jackson Five ( rien à voir avec les chevelus ) lui à composé une chanson, Song for Sarah. Des airs de berceuses, quand elle s'endort devant les longues conversation de grand-mère. Elle rêve naïvement, de courir en pleine nature, et finalement sa longue journée s'achève en paupières lourdes et son de vagues.



L'appel de la mer, en pleine Saison chinoise. La petite Sarah, tout en malice, se laisse guider par ce bruit. Elle se glisse doucement, en sautillant de ses petites pieds, loin des ronflements des grands-parents. Une jolie petit histoire, par le groupe de musiciens libres,euphoriques, et riche en chocolat, Chocolat Billy. Le premier album Mon père est ma mère est une véritable petit perle pour les gourmands friands de noix sonore enrobée de flux rock au lait. En plus c'est sur la magnifique label des Potagers natures.




Sarah Zorbic 2ème du nom, ou SZ2 pour les intimes. Battles, nouveau fer du lance du math-rock, nous conte son histoire. Comment au départ elle se pose des questions, s'ennuie dans se silence, ces multiples répétitions de mots doux, la lourdeur de la vieillesse. Toutefois, une mélodie d'idée germe dans sa tête, et dès les premiers bruits nasales elle s'enfuit de la maison. Sa journée prend alors un tout nouveau rythme. Le long de petites notes elles se balade en nature, sent les arômes paternels. Elle coure comme une folle, et tombe d'un seul coup, épuisée mais heureuse.



Zut, on s'est peut-être trompé. La petit fille s'appelle Caecilia ( ou est-ce son deuxième prenom ?). Endless summer, à propos de ces été sans fin, chef d'oeuvre de l'ambient électronique largement reconnu par Fennesz. La première écoute ressemble à un cauchemar, la deuxième un malaise, mais la dixième un orgasme. Il y a aussi A Year In a Minute, quand Caecilia attend devant le plateau les biscottes, et que chaque minute paraît une longue année loin des arbres. Heureusement au bout de 4 années et quelque vient la délivrance, qui sera suivie d'un long sommeil onirique.

Merci Liliane ! Merci Sarah Zorbic Caecilia !