29 octobre 2010

Contes des Filles de la Ville du Soleil I



Ce sont trois rois mages. Les deux frères Bishop, et le grand Gocher ( paix à son âme ). Ce sont trois personnes désireuses de jouer de la musique, la produire, la faire fonctionner. Il n'est pas question de talent inné, de génie miraculeux. Mais d'un élan créateur. Remplit de liberté, de folie, de néant, de débordement, de nectar d'oreille aussi bien que d'ordure pour tympan. Pendant une trentaine d'années, des chansons naissent, beaucoup de chansons. Elles s'accordent rarement au goût des contemporains, mais elles continuent pourtant leurs propres voies, explorant des contrées inconnues et insoupçonnées, les multiples côtés d'un ruban de Möbius. Nous allons tenter de les rattraper, nous allons repartir du début, refaire pas à pas tout le cheminement qui nous conduira aux plus beaux des paysages, le soleil, la ville du soleil, les filles de la ville du soleil, les SUN CITY GIRLS.











Il était une fois un premier album éponyme, en 1984. La longue aventure commence par un coup de gong. Un certain goût du silence. D'autres gongs. Puis du bruit, des guitares, des batteries. Une naissance agitée. Un riff, qui pourrait être entrainant, habillé de Pop. Mais il est dénudé, lynché, jusqu'à révéler sa valeur brute. Et pourtant, on a bien envie de danser. Des sonorités venues d'ailleurs, un mélange. Un surf rock assorti du discours d'un oncle révolutionnaire. Du rock torturé. Les sons s'entremêlent, nous perdent. On sent bien sur, un certain côté amateur. Comme si nos voisins de palier avaient soudainement découvert de vieux instruments rouillés au fin fond de leur garage et qu'il ne pouvaient s'empêcher d'en jouer inlassablement. Et malgré l'absence de beauté évidente, ils s'en fichent. Ils ont confiance en la musique, en la logique interne des vibrations de l'air. Laissons les notes se débrouiller entre elles. Les gammes, c'est une invention fasciste. 
On y trouve des discours de films d'horreur, des voix terrifiées, des rires, des roulements de tambours, des cris de cordes, des aboiements, un rap déstructuré, des saxophones éphémères, des plaines vides, des aubes, des apocalypses.
Comme une mise au claire. Nous ne sommes pas ici pour faire de la musique comme certains veulent planter des légumes. Nous sommes ici pour que la musique se fasse comme certains légumes poussent. Nous ne sommes pas ici pour la confiture ou les revolvers, nous sommes ici pour les séismes d'oreiller, les éruptions sous cape, pour voir Dieu en érection. Nous sommes ici mais nous ne sommes déjà plus là. Nous sommes ailleurs. Nous sommons, nous multiplions, nous remuons. Quelque chose comme cela. Quelque chose de semblable à la pochette, un homme qui tombe, s'envole, s'écrase, se noie, s'endort, tout en même temps. Quelque chose de fou. Quelque chose de nouveau, qui ne fait que commencer.


1 commentaire:

  1. Narrateur16 mars, 2011

    Il y aura bientôt la suite...
    C'est que mon néoluchon m'a lâché, alors j'ai perdu les symphonies. Et j'étais tellement aliéné par cette horrible machine, qu'après ce sale tour, je mets du temps pour m'y remettre...

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