25 avril 2010

Tu t'écoutes quand tu marches?





MANIFESTE
Musique.. les autruches n’ont jamais parlé d’autre chose.




C’est quoi ton monde à toi ? C’est quoi ta manière à toi de siffloter ? C’est comment quand tu marches ? Est-ce que tu regardes passer les trains quand tu passes à côté d’un bus ? Est-ce que tu entends des chants dans ta tête, des fois ? Est-ce que tu chantouilles, sifflotes, persifles, t’évades en chants divers, parfois ? C’est comment ta manière à toi de chanter des chansons ? Est-ce que tu t’écoutes quand tu marches ? Est-ce que tu entends le vent et les klaxons ? Ou plutôt que le vent et pas les moteurs ? Ou que les moteurs et pas le vent ? Est-ce que tu aimes bien écouter les machines ? Tu tapes avec tes doigts sur les verres à pied ? Est-ce que tu souffles dans les bouteilles de bière ? T’écoutes les cailloux ? Les galets ? Les pieds sur les bitumes et ceux des stylos sur les feuilles ? Est-ce qu’il y a des sons et des bruits ? Des notes et des non-notes ? Des choses qui s’écoutent et d’autres qu’on entend ? Est-ce que tu te dis ça quand t’écoutes de la musique ? Est-ce que tu dis « j’entends » quand quelqu’un parle ou qu’une mécanique tourne en boucle pas très loin ? La radio quand c’est hors fréquence c’est de la musique ou pas ? Si tu déplaces un peu, que ça grésille un peu, c’est toujours de la musique ? Est-ce que le silence c’est de la musique aussi ? Tout ça je me le demande. Je me demande souvent. Je me demande souvent. Je me demande souvent. Je me DEMANDE Je me


(Quelqu’un) Il a dit quelque part il y a ceux qui font de la musique il y a ceux qui n’en font pas. La musique se déploie seulement dans LE TEMPS. Elle n’existe que dans le temps. Une seconde c’est un son. Il faut au minimum plusieurs secondes pour faire une musique. DONC



(Quelqu’un) Il dit il y a des moments où il y a ceux qui font de la musique et ceux qui n’en font pas. Ça change souvent dans le temps. Ça change. Tout le monde dans sa vie fait à un moment de la musique. Il y a des gens qui ont des techniques, des manières de faire, des habitudes et des gestes. On les dit musiciens. Le mot élastique, selon les personnes c’est plus ou moins juste. Il faut savoir viser avec les mots. Mais les écarts sont chouettes aussi. C’est très différent quand on tire au fusil. Quand tu connais ces techniques là tu peux évaluer des écarts, des distances, des manières de bien refaire ou pas des modèles techniques. Des écarts dans les mots et les doigts. Tu peux. Tu peux être un peu spécialiste. Tu peux l’être sans jouer de la musique. DONC il y a des questions. Tout est dans les questions. Tout est dans les questions. Sur les comment tu regardes écoutes les choses. Ce qui fait question. Tu peux être musicien sans techniques. Être technique sans musiciens. Tu peux. Les combinaisons avec les mots c’est très infini surtout si les mots sont élastiques, s’écartent et s’étirent. Les mots qui s’étirent trop se reposent à la plage quand ils s’étirent trop. Quand un mot s’étire trop, fait trop grand écart, il devient comme un ciel qui couvre plein de choses, plein de choses qui flottent en dessous. Ça peut faire nuage, pluie sympa ou pas. Avec le mot amour ça fait joli ciel. Avec le mot voiture c’est un peu moins joli. Enfin c’est pas sûr je me demande je me demande je



Avec les mots aussi on peut faire de la musique, avec des syllabes du lettrisme, avec des phrases de la poésie, avec trois phrases une chanson, avec les mêmes mots un refrain, avec un phonème un chant, avec du latin une liturgie, avec le mot Dieu des prières, avec Love une chanson pop, avec des mots on peut faire beaucoup ici, les phrases et les phrases bout à bout sont des instruments pour les mots DONC


La musique serait une certaine manière d’agencer des choses ensemble, agencer des choses qui s’entendent, en faire une espèce de suite, de chemin. Les musiciens sont des petits poucets, ils ont des notes dans les poches plutôt que des miettes et des petits cailloux.
Ce jeu de définition en variations des curiosités langagières et phraséo on pourrait le continuer longtemps, le faire chanter danser varier sur des pages, dans harmonie ou pas, avec construction constructivité transition transitivités ou pas. Ou pas. Ou si.



Toute une forme d’écriture marketing ou non peut encenser chaque album de musique, citer quelques filiations, d’un musicien l’autre tous les échos sondés sonorisés repérés repérables. Construire comme ça à chaque fois des racines et des arbres, avoir une centaine de chroniques au plus vite, dessiner quelque chose comme un champ d’érable. Des racines à quelques branches et leurs variations. Il y aurait du linéaire. On introduit comment les dissonances et les ruptures, tous les rythmes différents, les profonds écarts, tout ce qui en somme fait la musique depuis la fin du XIXème siècle. Les canons ont 36 fois explosé, tant de fois parfois que nul ne se souvient si ils ont jamais existé. En vérité ils existent encore. Chacun chacune est capable de reléguer à tel ou tel domaine musical un morceau, d’effectuer un tri dans l’ensemble des registres connus (jazz, musique classique, rock, metal, funk, chanson française, bruit,…).



Les seules questions qui nous intéressent dans la musique sont affaire de contextes et de formes sensibles, de sensibilités, de manière de circuler dans le monde et au milieu des autres. La musique, cette musique là, ça travers comment les corps, ton corps et mon corps ? Non pas c’est quoi cette musique pour toi, elle te fait quoi à toi, mais la tentative d’une inversion. Ça fait exister quoi comme corps, souffles, mouvements, rythmes, démarches, regards, écoutes, rapports aux choses, manières de parler, de faire sonner les mots et les sons dans ta tête et ta vie. cette musique là. Peu importe laquelle. Qu’est-ce qu’une musique fait exister comme monde et comme personne entre deux oreilles ? Cette question est indissociable d’une autre, dans quel contexte se joue une musique, quelle communauté de joueurs et d’auditeurs fait-elle exister ? Quelle distance entre les deux ? Comment est-elle produite, diffusée, publicisée? Où et quand est-elle écoutée ? Dans quels lieux ? Et comment ?




C’est quoi les désirs dont une musique est porteuse ? C’est quoi les manières d’être affectés qui s’y dessinent ? Les types d’affects propres à leur écoute ? C’est quoi les différents faisceaux sonores qui font qu’une musique relève du blues plus que du reggae ? Qu’est-ce que nous apprend une musique sur les développements du sensible et du monde ? C’est quoi les perceptions de certaines musiques et d’autres ? Quelles expériences sont vécues à travers une musique ? Est-ce que cela augmente nos puissances d’agir, l’extérieur devient menaçant ou rassurant ? terrain familier ou expérience inconnue plus ou moins lointaine ? Quel rapport au monde, aux sons ? T’es crispé par la peur ? Envahi par des larmes ? plongé dans confortable ronronnement ? Chahuté de tous les côtés ? Entraîné malgré toi ? En grand effort d’écoute et concentration ? Plutôt surexposés ou suffisamment distants ? Écoute d’ambiance ou plongée en interne ?




Certains chansons on les entend en boucle depuis qu’on est petit. Elles passent sur toutes les radios, certaines plus ou moins longtemps, plus ou moins éternellement. Wonderwall on l’entendra probablement pour toujours ou presque. Si tu mets ce genre de chansons, connues à peu près par tous et toutes, ça donne à chacun chacune l’impression agréable d’être un peu chez soi. De retrouvailles avec toutes les autres fois où cette musique a été entendue. Fond commun d’expériences partagées. Comme on marche au milieu d’une habitude. Un peu comme certains mots ont le même sens, immédiatement, sans écarts sans doutes, certaines musiques sont un peu des balises, des points de repères, des phares dans la nuit et les terres inconnues.


Il y a beaucoup d’écarts entre une musique jouée par une bande d’amis-ies qui s’éclatent ensemble, qui essaient en tout cas, s’y risquent et s’y enchantent et celle pensée d’avance pour se plier à la demande, et se glisser dans les listes de tubes. Et dire cela, c’est enfoncer des portes ouvertes ou bien je me trompe ?


La noise n’est pas qu’affaire de bruits. Les groupes de Screamo hurlent et pas seulement. La pop n’est jamais pop. Le rock’n’roll c’est mille et une choses. La Drone vive la drone dans les corps. Musique concrète et érotisme. Musiques étranges et discursifs.
Les autruches courent et courent toujours


Il y a cet éternel exemple d’un mot dans la cour de récré, At The Drive-In, et des réponses qui suivent « personne connaît ton truc » « ça doit être trop nul » « c’est un truc de perdu », et At The Drive-In en tête des charts aux USA. La mondialisation c’est bizarre.
Rien n’existe si c’est pas partagé.


Il y a des concerts punk à prix libres toutes les semaines et la plupart des concerts de jazz qui demandent des billets. La musique contemporaine dans les conservatoires à prix cher, des livres sur la musique de John Cage, et les salles de concert pour le reste, et pas beaucoup de livres dessus sauf des biographies qui racontent les frasques des stars du rock…
Il y a le fan de metal cheveux longs et gras cachés dans ses chaussures, l’amateur de classique qui perd jamais ses lunettes, le premier concert punk où tu bondis sans cesse, et les concerts entre spécialistes du harDCore Emo family où tu restes statiques en te grattant l’oreille et hoche de la tête…


NOUS VOULONS FAIRE DE LA LITTÉRATURE AVEC LA MUSIQUE ET DE LA LITTÉRATURE EN MUSIQUE
TOUTES LES MUSIQUES PRODUISENT DES AMBIANCES, DES OREILLES, DES CORPS ET DES MONDES, DES SENSIBILITÉS
DES QUESTIONS ET DES MOTS (souvent à trouver)

3 commentaires:

  1. Si tout n'est que musique, alors la musique n'est aussi rien. Je me force à croire qu'il y a la musique. Et puis le reste.
    Et grâce à quels critères penses-tu qu'on puisse définir différents genres de musique ? Si ce n'est tout simplement qu'il faut classer, puisque rien n'est identique, mais rien n'est totalement différent non plus.
    Certaines chansons seront connues, malgré le temps, malgré les générations. C'est les chansons cultes, mais pourquoi celle-ci au lieu de celle là ? Qui donc encore décide à ce moment là ?
    En ce qui concerne chaque « personnage » pour chaque genre de musique, comme tu les décris à la fin. Un peu facile, n'est-ce-pas ?
    Une chanson, d'après ce que tu décris, ce serait donc des textes, des sons, et des sentiments ?

    Mais il manque alors une chanson pour résumer et expliquer tout ça !

    RépondreSupprimer
  2. oh loin de moi l'idée d'effacer les distinctions, mais elles sont en travail
    et le classement a lieu en fait. On part d'une situation où justement c'est sans cesse classé voire classer d'avance.
    et toujours avec les traces qui restent, les chansons cultes comme tu dis

    je sais pas ce qu'est une chanson, elle détermine en tout cas des parcours et des écoutes, disposent un peu des ambiances et des manières d'être
    envie de la définir par ce qu'elle fait

    parce que si la liste en trois mots de fin est un peu facile, voire bâteau et portes ouvertes enfoncées
    elle est quand même très présente
    et ce dans toutes les salles de concert

    puis ça m'énerve beaucoup le prix des concerts de jazz

    RépondreSupprimer
  3. Quand je marche dans la rue, tous mes sens sont en éveils. Mes talons claquent sur le sol, ils rythment ma marche. Je regarde partout, sauf là ou je mets les pieds. Je me laisse envelopper, déporter par le vent. Je hume les odeurs de la rue, celle d’une lessive juste faite, d’un plat qui mijote, de l’herbe juste tondue et je fronce le nez à celle des poubelles et des échappements. Je croise des regards, échange des sourires, je chantonne tout bas. J’ouvre grand mes écoutilles pour identifier le chant des oiseaux derrière les vrombissements. J’entends le grésillement des lignes hautes tensions et me berce du brouhaha d’un café. J’aime le bruit de l’eau, la pluie qui clapote, le ruisseau qui serpente, les cascades. Le chuchotis de la brise à peine perceptible, le sifflement du vent, ses emportements trouvent un écho en moi. J’aime être entière à cette écoute, les yeux fermés, prendre conscience de tout sans rien voir, juste sentir, entendre, ouvrir mon âme. La nature nous offre régulièrement des concerts merveilleux : le gazouillis des mésanges, les trilles du merle, le roucoulement de la colombe dans son if, le chant des grenouilles en fin d’après midi et à l’automne, filer le cerf au clair de lune en espérant qu’il me fasse don de son brame.

    RépondreSupprimer