9 mars 2011

Itadakimasu

" ITADAKIMASU ( le u ne se prononce pas) célèbre la fusion de la musique 8bit et des plaisirs culinaires pour un concert évènement. Écouter un chiptune en dégustant quelques cookies.... Le rêve de tout vrai otaku digne de ce nom. "



Ce qu'il y a dans le plus grand village de France, c'est qu'une belle soirée a tendance à rassembler tout individu dont la tranche d'âge est comprise entre pinte et girafe. Il y a eu une soirée la veille, toute la coqueluche du coin était là. Il y en a une ce soir, plus grosse, plus joyeuse, plus colorée. Nous nous y retrouverons. Il parait que dès 18h, alors qu'ils installaient le matériel, l'eau écossaise se mélangeait déjà au soda américain. Quand ils ont mangé, ils étaient déjà pleins. J'arrive plus tard, après les premiers sons.

En rentrant, on nous offre un bon pour télécharger une compile gratuitement. Si cela ne l'avait pas ruiné, l'organisateur aurait voulu distribuer des CD plutôt que des promesses virtuelles. Le prix est excessif. Un triangle d'euro pour un octaèdre musical, c'est tout de même gonflé. Anti croissance du PIB, anti-commercial, anti-liberal. Totalement honteux. Pour beaucoup de locaux, c'est le bar des premiers émois. Où il suffit d'avoir soif pour que le videur se trompe sur l'âge minimal. Régulièrement le patron se fait virer par la police, un autre le remplace, et utilise le même filtre. Les tables, le sol, le plafond, tout est pégueux. Ou collant, pour les touristes. L'eau n'est pas chère, mais je suis sans papiers ni ferrailles. Heureusement j'ai des amis, qui en ce joli paysage, ne peuvent qu'être généreux. Pour l'instant, ce n'est pas plein. Mais ça va l'être, ça va déborder. Tant l'affiche est belle, tant l'évènement est populaire. A gauche de la scène, des vidéos sont projetées. Une danse d'images colorées, pour faire fuir les épileptiques. Il y a toute sorte de machines, branchés à d'autres machines. L'une, petite, est dans la main du performeur. Il appuie sur quelques boutons, et le son surgit. Un son ludique, jovial. Un son qui fait remonté les joies de l'enfance. Des son simples et stupides, suivit d'autres sons encore plus stupide, dansent, sautillent, gambadillent dans l'oreille. Des légers problèmes logistiques interrompent parfois l'avalanche de zygomatique électronique. Mais on est content. On bouge nos orteils. J'aperçois mon pizzaiolo. C'est un séducteur solitaire, qui arpente les soirées dans le but de faucher des sexes. Normalement, il va en boite de nuit. Mais ce soir, il est là.  C'est qu'il a du sentir que ce soir, c'est ici qu'il se passe quelquechose. Mais nous ne sommes pas en boîte de nuit non plus. Il ne trouvera pas exactement l'ambiance bourgeoise qu'il recherche, et repartira. C'est que, le Gameboy ne constitue pas un topos de virilité. C'est que, les filles habillés en écolière doivent quand même payer l'entrée. Ça commence à déborder de carbone sur pattes. Un reporter photo libère les oiseaux en cage. Le machiniste change d'instrument. C'est la première fois qu'il utilise une NES. J'espère que ça n'est pas la dernière. Avec sa manette rectangle, il voltige à la vitesse d'une carapace photonique, et nous avec lui. Sur le seuil, les fumeurs fument. La rue est étroite, l'intimité est conservée.

C'est au tour des super-héros Bas Bikini d'investir le premier plan. Des costumes moulants fluos, des masques, du brouhaha fringuant , des voies déchaînées donnent le ton. Le trio n'est pas forcement au mieux de sa forme. Mais c'est toujours un plaisir. Un gout de bon cookie au chocolat blanc, de gros muffin à la framboise, comme ceux que les super-héroïnes vendent lorsqu'elles ne sauvent pas la vie de nos ouïes.


L'organisateur annonce que la star de la soirée va prendre la suite. Des gens s'engueulent parce que les bousculades ont causées des chutes de gobelets, des arrosages de vestes. L'arrivée du show man espagnol nous rappelle qu'il y a plus important à faire. Il ressemble au plombier italien dessiné sur son tee-shirt jaune solaire. En dehors de la scène, il est détendu, chaleureux. Un fois à l'écran, il gagne en folie, et devient un monstre écraseur d'ennui. . A l'aide de son Gameboy, de ses cris accompagnant la vagues de pixels sonores, il met la foule en mouvement. Parfois, ça s'arrête. Le temps d'une blague, ou d'un repérage. Puis hop, ça repart. C'est un peu comme si il distribuait de ces étoiles jaunes, champignons rouges et blancs, qui donnent un surplus d'énergie. Il lance des boules de feu, il donne des coups de queue. Durant les accalmies, il se change en grenouille, ou en statue de pierre, pour que son pouvoir continue de nous irradier. Il fait mine d'enlever sa salopette sans bretelles, mais retire son short. Un individu louche vient alors lui arracher violemment son haut. Ce n'est pas très gentil. Il est tout nu. Un ver de terre, qui tient un boîtier gris super sonique, et pousse d'étranges cris ludiques. Il y a trente ans en arrière, le leader des Portes avait été fort embêté pour avoir potentiellement montré ses attributs. Ce soir, on voit tout, on s'en fout. Il faut croire qu'au fur et à mesure que l'univers grandit,  notre tolérance aussi. Un blond à la chemise blanche entrouverte se met à danser, à danser sa danse ontologique. La même que celui du dernier clip des Têtes Radio. Mais c'est le demi-borgne rock star qui l'a recopié, et non l'inverse. Lui il danse parce qu'il danse. Ça ne plaît pas à tout le monde. Il subit des lancers de pierres virtuels. Il faut croire que l'univers n'est pas encore assez grand par rapport aux dimensions de la pièce, pour qu'on puisse y être totalement libre. Le chef d'orchestre, à force de sauter de tuyaux joie en tuyaux éclat, a perdu son équilibre. Il  fait trébucher l'enceinte de gauche. Rien de grave, elle a plusieurs vies. Des corps se trémoussent sur les tables. Ça sent bon la transpiration.

Puis le jeune Harry Doux domicile prend la relève. Un anglais magicien à la baguette technologique, en forme de pavé. Au départ c'est un peu sage. L'air ne vibre pas assez. Les lignes nous passent au dessus de la tête, sans agiter nos neurones capillaires. Après beaucoup de bouton, les spasmes commencent à apparaître. L'audience entre en ébullition, se positionne périodiquement à égale distance du sol et du plafond. Hé sale cornichon, t'avais pas dis que tu me payerais un coup ? Dit l'un. Pardon ?! Dit l'autre. Salerpipopipette de trompette t'avais dis que tu me payerais un coup ! Dit l'un à l'autre. Mais je n'ai jamais dis ça, je ne te connais même pas ! Dit l'autre à l'un. POGOOOO ! Crient les uns aux autres. Et l'onde gagne en intensité. Les épaules se touchent en câlins passionnés. Ce qui peut apparaître comme de la violence sauvage aux yeux de peureux, n'en est pas. Si un malchanceux tombe, un cordon de protection se forme inopinément, jusqu'à ce qu'il se relève. Et le terrain de jeu est bien délimité. On s'amuse brutalement, entre gentleman délurés.

Dehors, il y a toujours autant de monde, on rentre et sort librement. Monsieur Pulsion de Sabre joue de l'air guitare. Je me repose sur un lit d'orge et houblon, sans trop y prêter d'attention. Tympon n'est pas toujours au top...

Débarquement des Surfeurs Pixélisés. Monologue d'introduction. Voix grave de conteur portée par des notes en échos. Multiples problèmes de baffles.  Leurs plages sont à moitié huit bit, à moitié six cordes. Idéal pour un surf sur la toile, un beach-volley entre deux formatages. Vague rythmée, pour revenir délicatement au monde réel, en quittant sa console de jeu, abandonnant manettes, boutons et croix directionnelles. Des couples dansent. Des copines aussi. Mais des méchants viennent les embêter. Les cloches sonnent deux coups. L'organisateur nous salut, nous remercie. Après les crédits, on nous indique la sortie.

A l'extérieur il y a les policiers, qui viennent eux aussi nous embêter. Fouillent, reniflent, nous collent aux murs. Nous donnant le sentiment d'être coupable d'un péché post-originel. La sécurité est la première des libertés, selon notre maire. Cela fait toujours un choc. Sortir du monde où les dragons kidnappeurs de princesses finissent dans la lave bouillante alors que les héros sont congratulés. Rentrer dans celui où il est interdit de sauter de niveaux en niveaux, où de dérangeants bugs nous arrêtent à chaque sortie châteaux. Levons le camp. Nous en avons tous bien profité. Mon ami peut-être un peu trop. Il joue à Pong, zig-zag du caniveau aux façades d'immeubles.

C'était un joli jeu, la durée de vie est plus que raisonnable, les environnements sont variés tout en restant cohérents. On est triste, mais satisfait, quand nos paupières viennent clore l'aventure.

GAME OVER

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