Elle se tient devant nous, grondante, menaçante, pas forcément
accueillante. Quand il l'entend, celui qui ne la connaît pas tient rarement à
se frotter à la bête. Elle intimide, elle effraie. On ne la connait pas bien dans nos contrées. Et pourtant, si seulement vous la
connaissiez... car cette bête, bien que peu fréquentée par le commun des
mortels et même redoutée par certains, peut présenter un intérêt, au point même
de susciter des passions et des vocations. Et cette bête, j'ai nommé le metal, peut devenir un vrai animal de
compagnie quand on l'a apprivoisée. Ca n'est alors plus que plaisir. Mais là
est le problème: comment peut-on apprivoiser un tel genre musical ? Je vais
modestement essayer de vous introduire auprès du genre.
Rude tâche en effet que la mienne, car
ce genre musical tant décrié n'est pas gardé loin des foules pour rien : il en
repousse beaucoup. Et c'est en effet un des problèmes du metal. Si l'on n'ose
pas non seulement faire le premier pas, mais également persévérer dans une
optique de compréhension, on perd facilement le peu d'intérêt qu'on peut lui
porter au premier abord. Mais une fois apprivoisé, on peut vite se rendre
compte de la richesse qu'il a à offrir. Et non, le metal n'est pas un vulgaire
sous-genre réservé aux malades mentaux, aux brûleurs d'églises Norvégiens ou
aux adolescents suicidaires. C'est une genre musical d'un richesse effarante, sûrement un des plus pratiqués de nos jours. Il
se présente sous une telle multitude d'aspects qu'il s'agit d'un sorte de
"musique dans la musique". Et comme il s'agit de la
chronique d'un genre musical à part entière, il sera difficile d'être
exhaustif, ou encore de lui apposer des qualificatifs réalistes, au vu de ses
multiples visages. Mais qu'importe, essayons. Attention cependant, cela risque
de pencher vers l'académique voire même l'autoritaire. Mais c'est après tout la
nature de tout guide qui se respecte.
Souvent, quand on dit
"metal", les gens pensent "violence, brutalité, débilité,
musique pour adolescents suicidaires". Pourquoi cette perception? Tout
simplement parce que ce genre traite surtout des sujets tabous dans les sociétés occidentales, de "grands" sujets
comme la vie et la mort, la religion, la nature, et
y associe des sentiments - peur,
amour, rage... la liste est longue. Bien sûr cette perception est en partie
erronée - les détracteurs du genre ne retiennent que certains points négatifs à
leurs yeux, oubliant totalement l'aspect artistique, mais souvent avec une part
de vérité. Cette vision est aussi renforcée par la forme musicale: riffs violents, son lourd, symboles ésotériques et pratiques
parfois limites. Bien que ce ne soit le plus souvent qu'une mise en scène. Du
coup, le metal reste très marginal dans l'univers médiatique - citez moi une
radio ou une chaîne de télé française passant du metal - mais populaire dans le
monde réel.
Et c'est là qu'il convient
d'introduire une grosse "subtilité" (avec de gros guillemets) : le
metal ce n'est pas seulement ça, le metal est une "musique dans la
musique", car il est composé de presque autant de sous-genres qu'il y en a dans la musique en général, et donc
d'autant d'univers. Un amateur de Black Metal sera souvent peu enthousiaste à
l'idée d'écouter du Metal Symphonique ou du Speed Metal. Et tous les croisements sont permis (ou presque)!
On trouve du Jazz
Metal, du Rap Metal, du Metal Electro Progressif... on
trouve même des mouvances opposées dans des mêmes genres, comme au sein du
black metal avec l'opposition True black metal et Black metal symphonique. Et ce
ne sont que des mouvances généralistes, tout
est permis !
"Mais", me direz-vous,
"Alors qu'est-ce qui est si intéressant dans ce genre musical?". Je
répondrais pour ma part que ses intérêts sont multiples. Tout d'abord, comme
cela a déjà été écrit plus haut, le genre véhicule des sujets sensibles. Vous en avez pas marre vous, d'entendre toujours
parler de ces putains d'histoires où un type arrive, se plaint sans cesse de
ses échecs ou nous raconte sa vie dont on n'a strictement rien à foutre, ou
bien ces pauvres histoires de cons qui préfèrent manger des pizzas devant la
télé plutôt que d'aller voir des amis? Franchement on s'en bran*e, c'est pas
leur nostalgie à deux francs six sous qui va nous faire verser des larmes. Des
histoires comme ça, on les vit déjà dans la vraie vie, on en entend parler tous
les jours dans ces foutus médias qui ne savent que s'intéresser aux artistes
cotés en bourse (j'exagère à peine !). Rappelez-vous donc maintenant de vos
cours de Français du lycée. Si si, je suis sûr que vous n'étiez pas encore
totalement endormis quand la prof' (c'est toujours des femmes) vous a parlé de
la théorie de la catharsis et de la
mimesis. Vous savez, ces héros tragiques du théâtre classique qui
s'entretuaient ou copulaient pour un rien, qui auraient vendu père et mère pour
vous arracher une larme. Eh bien c'est bien là que le metal vous touche, il
utilise la violence de ses propos et de
sa forme pour vous mettre un bon coup de catharsis bien ajusté, en pleine gueule. Que ce soit par une
mare de sang (Death metal), une atmosphère inquiétante (Black metal) ou par sa
beauté (metal symphonique - enfin normalement ;-) ), il saura vous toucher,
faire vibrer une corde sensible.
Les amateurs du genre ne s'y
trompent d'ailleurs pas, et beaucoup aiment à rester dans le confort de leurs
styles/groupes préférés lorsqu'ils les ont trouvés, tout en tentant
régulièrement de nouvelles expériences. Et ainsi quand des groupes jouant du
metal choisissent de faire un grand saut en changeant d'univers, de nombreux
fans restent fidèles au groupe, que ce changement soit interne au metal ou une
évolution vers un style totalement différent - on peut prendre pour exemple le
groupe Ulver, qui a commencé en pratiquant un Black metal parfois bien
crasseux, puis qui a soudainement fait demi-tour pour embrasser l'électro, ou
Anathema qui s'est orienté vers le pop-rock.
Le metal est une grande famille qui
ne demande qu'à conquérir de nouveaux cœurs, et à vous divertir et instruire
d'une manière différente. Tentez donc l'expérience, et vous verrez que vous ne
le regretterez pas si vous avez l'âme métallique!
____________________________
Si maintenant vous voulez des
conseils pour se lancer dans l'écoute du metal (car il est souvent préférable
de s'y mettre en étant prévenu et aidé), voici une manière de procéder qui me
semble assez efficace. Il pourra entre autres permettre de s'habituer aux growls et autres death grunts (vous savez, les chants caverneux qu'on entend chez
certains groupes) - la partie la plus difficile à mon sens. C'est un peu le
chemin qu'a suivi votre serviteur, mais j'y enlèverai ce qui ne m'a pas plu.
Tout d'abord, on commence tout
doucement. Des groupes assez connus,
soft, du metal symphonique ou du
speed, voire du heavy. Des groupes comme Nightwish, Sonata
Arctica, Anathema, Tool, Yngwie Malmsteen, Stratovarius. Ca reste très facile d'accès la plupart du temps, et c'est facile à trouver.
Puis on
commence à attaquer des trucs plus metal,
du death, doom, thrash. Pour introduire les growls doucement, on peut commencer
par Entombed (c'est pas vraiment du growl donc ça tombe bien), Therion (<3),
Metallica (que j'aime pas trop mais passons), Candlemass, Amorphis, Opeth,
Apocalyptica pour la curiosité.
On continue un peu moins soft ou accessible en introduisant le black, et avec Dimmu
Borgir, Emperor, Children of Bodom, Cradle Of Filth, Wolves In The Throne Room,
My Dying Bride, Ihsahn.
Puis
finalement vient le moment de se lancer dans les œuvres les plus difficiles à appréhender ou plus dures pour les novices (même si ça
reste subjectif). Ulver, Darkthrone, Burzum, Tsjuder, Marduk peuvent faire
partie du lot. Vous remarquerez (ou pas?) que les derniers groupes cités font
tous du black metal, ceci sûrement parce qu'il s'agit d'un des genres les plus
durs, mais le jeu en vaut la chandelle. J'ai aussi omis quelques groupes de death bien poisseux, mais c'est parce
que je n'aime pas trop le genre. Quand vous aurez atteint ce stade, m'est avis
que des conseils ne seront plus vraiment utiles. Mais n'oubliez pas qu'il est
souvent bon d'attendre plusieurs mois avant de passer à l'étape suivante.
Voilà, c'est la fin de cet article, et
j'espère en avoir convaincu quelques-uns. Mais gardez à l'esprit que, comme
tout genre musical, le metal ne peut pas plaire à tout le monde, ne soyez donc
pas étonnés si vous faites partie de ces gens-là. J'espère malgré tout que ceux qui auront
découvert le genre seront contents de cette trouvaille, comme je l'ai été
auparavant. J'essayerai d'ailleurs dans la mesure du possible de faire des
chroniques d'albums de metal - c'est beaucoup plus concret, facile et léger que
de faire la chronique d'un genre entier, et puis on peut laisser parler ses
émotions. Vous vous rendrez sûrement compte d'ailleurs que celle-ci n'est pas
vraiment exhaustive, mais peu importe, à vous de le découvrir !
Morceaux choisis et genres (du plus
"soft" au plus hardcore)
The 3rd And The Mortal Doom/metal atmosphérique Salva Me
Apocalyptica classique instrumental Cortège
Nightwish metal symphonique The Pharaoh Sails to Orion
Kyuss Stoner metal 100°
Therion metal
symphonique Rise of Sodom and
Gomorrah
Amorphis heavy/death/gothique Brother Moon
Candlemass doom metal Embracing the Styx
Entombed death/blues metal Descent Into Inferno
Ihsahn Black progressif Austere
Opeth Black/Death prog In Mist She Was Standing
Ultra
Vomit Grindcore Pour Un Mosh
Dimmu Borgir Black symphonique The Promised Future Aeons
Ulver Black metal (et electro) Hymn 6 - Wolf And Passion
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