14 janvier 2011

Introduction métallique

            Elle se tient devant nous, grondante, menaçante, pas forcément accueillante. Quand il l'entend, celui qui ne la connaît pas tient rarement à se frotter à la bête. Elle intimide, elle effraie. On ne la connait pas bien dans nos contrées.  Et pourtant, si seulement vous la connaissiez... car cette bête, bien que peu fréquentée par le commun des mortels et même redoutée par certains, peut présenter un intérêt, au point même de susciter des passions et des vocations. Et cette bête, j'ai nommé le metal, peut devenir un vrai animal de compagnie quand on l'a apprivoisée. Ca n'est alors plus que plaisir. Mais là est le problème: comment peut-on apprivoiser un tel genre musical ? Je vais modestement essayer de vous introduire auprès du genre.
            Rude tâche en effet que la mienne, car ce genre musical tant décrié n'est pas gardé loin des foules pour rien : il en repousse beaucoup. Et c'est en effet un des problèmes du metal. Si l'on n'ose pas non seulement faire le premier pas, mais également persévérer dans une optique de compréhension, on perd facilement le peu d'intérêt qu'on peut lui porter au premier abord. Mais une fois apprivoisé, on peut vite se rendre compte de la richesse qu'il a à offrir. Et non, le metal n'est pas un vulgaire sous-genre réservé aux malades mentaux, aux brûleurs d'églises Norvégiens ou aux adolescents suicidaires. C'est une genre musical d'un richesse effarante, sûrement un des plus pratiqués de nos jours. Il se présente sous une telle multitude d'aspects qu'il s'agit d'un sorte de "musique dans la musique". Et comme il s'agit de la chronique d'un genre musical à part entière, il sera difficile d'être exhaustif, ou encore de lui apposer des qualificatifs réalistes, au vu de ses multiples visages. Mais qu'importe, essayons. Attention cependant, cela risque de pencher vers l'académique voire même l'autoritaire. Mais c'est après tout la nature de tout guide qui se respecte.



            Souvent, quand on dit "metal", les gens pensent "violence, brutalité, débilité, musique pour adolescents suicidaires". Pourquoi cette perception? Tout simplement parce que ce genre traite surtout des sujets tabous dans les sociétés occidentales, de "grands" sujets comme la vie et la mort, la religion, la nature, et y associe des sentiments - peur, amour, rage... la liste est longue. Bien sûr cette perception est en partie erronée - les détracteurs du genre ne retiennent que certains points négatifs à leurs yeux, oubliant totalement l'aspect artistique, mais souvent avec une part de vérité. Cette vision est aussi renforcée par la forme musicale: riffs violents, son lourd,  symboles ésotériques et pratiques parfois limites. Bien que ce ne soit le plus souvent qu'une mise en scène. Du coup, le metal reste très marginal dans l'univers médiatique - citez moi une radio ou une chaîne de télé française passant du metal - mais populaire dans le monde réel.
            Et c'est là qu'il convient d'introduire une grosse "subtilité" (avec de gros guillemets) : le metal ce n'est pas seulement ça, le metal est une "musique dans la musique", car il est composé de presque autant de sous-genres qu'il y en a dans la musique en général, et donc d'autant d'univers. Un amateur de Black Metal sera souvent peu enthousiaste à l'idée d'écouter du Metal Symphonique ou du Speed Metal. Et tous les croisements sont permis (ou presque)! On trouve du Jazz Metal, du Rap Metal, du Metal Electro Progressif... on trouve même des mouvances opposées dans des mêmes genres, comme au sein du black metal avec l'opposition True black metal et Black metal symphonique. Et ce ne sont que des mouvances généralistes, tout est permis !
            "Mais", me direz-vous, "Alors qu'est-ce qui est si intéressant dans ce genre musical?". Je répondrais pour ma part que ses intérêts sont multiples. Tout d'abord, comme cela a déjà été écrit plus haut, le genre véhicule des sujets sensibles. Vous en avez pas marre vous, d'entendre toujours parler de ces putains d'histoires où un type arrive, se plaint sans cesse de ses échecs ou nous raconte sa vie dont on n'a strictement rien à foutre, ou bien ces pauvres histoires de cons qui préfèrent manger des pizzas devant la télé plutôt que d'aller voir des amis? Franchement on s'en bran*e, c'est pas leur nostalgie à deux francs six sous qui va nous faire verser des larmes. Des histoires comme ça, on les vit déjà dans la vraie vie, on en entend parler tous les jours dans ces foutus médias qui ne savent que s'intéresser aux artistes cotés en bourse (j'exagère à peine !). Rappelez-vous donc maintenant de vos cours de Français du lycée. Si si, je suis sûr que vous n'étiez pas encore totalement endormis quand la prof' (c'est toujours des femmes) vous a parlé de la théorie de la catharsis et de la mimesis. Vous savez, ces héros tragiques du théâtre classique qui s'entretuaient ou copulaient pour un rien, qui auraient vendu père et mère pour vous arracher une larme. Eh bien c'est bien là que le metal vous touche, il utilise la violence de ses propos et de sa forme pour vous mettre un bon coup de catharsis bien ajusté, en pleine gueule. Que ce soit par une mare de sang (Death metal), une atmosphère inquiétante (Black metal) ou par sa beauté (metal symphonique - enfin normalement ;-) ), il saura vous toucher, faire vibrer une corde sensible.
            Les amateurs du genre ne s'y trompent d'ailleurs pas, et beaucoup aiment à rester dans le confort de leurs styles/groupes préférés lorsqu'ils les ont trouvés, tout en tentant régulièrement de nouvelles expériences. Et ainsi quand des groupes jouant du metal choisissent de faire un grand saut en changeant d'univers, de nombreux fans restent fidèles au groupe, que ce changement soit interne au metal ou une évolution vers un style totalement différent - on peut prendre pour exemple le groupe Ulver, qui a commencé en pratiquant un Black metal parfois bien crasseux, puis qui a soudainement fait demi-tour pour embrasser l'électro, ou Anathema qui s'est orienté vers le pop-rock.
            Le metal est une grande famille qui ne demande qu'à conquérir de nouveaux cœurs, et à vous divertir et instruire d'une manière différente. Tentez donc l'expérience, et vous verrez que vous ne le regretterez pas si vous avez l'âme métallique!

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            Si maintenant vous voulez des conseils pour se lancer dans l'écoute du metal (car il est souvent préférable de s'y mettre en étant prévenu et aidé), voici une manière de procéder qui me semble assez efficace. Il pourra entre autres permettre de s'habituer aux growls et autres death grunts (vous savez, les chants caverneux qu'on entend chez certains groupes) - la partie la plus difficile à mon sens. C'est un peu le chemin qu'a suivi votre serviteur, mais j'y enlèverai ce qui ne m'a pas plu.

            Tout d'abord, on commence tout doucement. Des groupes assez connus, soft, du metal symphonique ou du speed, voire du heavy. Des groupes comme Nightwish, Sonata Arctica, Anathema, Tool, Yngwie Malmsteen, Stratovarius. Ca reste très facile d'accès la plupart du temps, et c'est facile à trouver.
            Puis on commence à attaquer des trucs plus metal, du death, doom, thrash. Pour introduire les growls doucement, on peut commencer par Entombed (c'est pas vraiment du growl donc ça tombe bien), Therion (<3), Metallica (que j'aime pas trop mais passons), Candlemass, Amorphis, Opeth, Apocalyptica pour la curiosité.
            On continue un peu moins soft ou accessible en introduisant le black, et avec Dimmu Borgir, Emperor, Children of Bodom, Cradle Of Filth, Wolves In The Throne Room, My Dying Bride, Ihsahn.
            Puis finalement vient le moment de se lancer dans les œuvres les plus difficiles à appréhender ou plus dures pour les novices (même si ça reste subjectif). Ulver, Darkthrone, Burzum, Tsjuder, Marduk peuvent faire partie du lot. Vous remarquerez (ou pas?) que les derniers groupes cités font tous du black metal, ceci sûrement parce qu'il s'agit d'un des genres les plus durs, mais le jeu en vaut la chandelle. J'ai aussi omis quelques groupes de death bien poisseux, mais c'est parce que je n'aime pas trop le genre. Quand vous aurez atteint ce stade, m'est avis que des conseils ne seront plus vraiment utiles. Mais n'oubliez pas qu'il est souvent bon d'attendre plusieurs mois avant de passer à l'étape suivante.

            Voilà, c'est la fin de cet article, et j'espère en avoir convaincu quelques-uns. Mais gardez à l'esprit que, comme tout genre musical, le metal ne peut pas plaire à tout le monde, ne soyez donc pas étonnés si vous faites partie de ces gens-là. J'espère malgré tout que ceux qui auront découvert le genre seront contents de cette trouvaille, comme je l'ai été auparavant. J'essayerai d'ailleurs dans la mesure du possible de faire des chroniques d'albums de metal - c'est beaucoup plus concret, facile et léger que de faire la chronique d'un genre entier, et puis on peut laisser parler ses émotions. Vous vous rendrez sûrement compte d'ailleurs que celle-ci n'est pas vraiment exhaustive, mais peu importe, à vous de le découvrir !


Morceaux choisis et genres (du plus "soft" au plus hardcore)
The 3rd And The Mortal     Doom/metal atmosphérique               Salva Me
Apocalyptica                        classique instrumental                     Cortège
Nightwish                             metal symphonique                         The Pharaoh Sails to Orion
Kyuss                                    Stoner metal                                   100°
Therion                                 metal symphonique                         Rise of Sodom and Gomorrah
Amorphis                              heavy/death/gothique                     Brother Moon
Candlemass                          doom metal                                       Embracing the Styx
Entombed                             death/blues metal                            Descent Into Inferno
Ihsahn                                   Black progressif                               Austere
Opeth                                    Black/Death prog                            In Mist She Was Standing
Ultra Vomit                           Grindcore                                       Pour Un Mosh
Dimmu Borgir                       Black symphonique                            The Promised Future Aeons
Ulver                                     Black metal (et electro)                    Hymn 6 - Wolf And Passion

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