C'est à côté du marché, dans le quartier populaire en voix de gentrification. Il n'y a ni enseigne, ni terrasse officielle. Le linge de la voisine du dessus est pendu au balcon. Un drap blanc coloré de fleurs. Sur les murs du hall, des expos, photos, dessins, peintures, cela change au fil des mois. C'est bien aménagé. Un canapé de cuir marron, exactement deux chaises, et un fauteuil très confortable. Si l'on veut ramener un souvenir, des vinyles posés sur la table basse sont en vente. Il ne reste que peu de la production historique, pressés en faible nombre, ils s'épuisent vite. Il y a aussi le frigo, derrière le comptoir blanc, pour acheter du liquide. On peut y venir seul ou accompagné. Des gens sont là, pas des jambons mais de la chaire vivante. Ça parle musique, concert et dromadaire. Et puis il y a un bon Dj, pour occuper les oreilles avant le début des hostilités. L'heure de la première note est variable, mais quand le public est appelé à descendre, tout le monde s'engouffre dans les escaliers. Sans oublier de jeter son cadavre de verre dans les cadis prévus à cet effet, et de sortir son petit billet pour soutenir les camarades. Un écriteau sur la porte, vous serez mignons de ne pas fumer, merci. On en fait ce que l'on veux. Sur les murs de l'escalier des rats noirs sont dessinés. Et un chat, juste avant la porte d'entrée de la cave. Ce n'est pas très grand, aux concerts gratuits des grosses pointures c'est un peu serré.
Enfin, on y est. Oreilles ouvertes, ceintures libérées. Retour à la terre, en passant par la lune.
Écoutons.
Enfin, on y est. Oreilles ouvertes, ceintures libérées. Retour à la terre, en passant par la lune.
Écoutons.
THE BEST AMERICAN BAND!
J'ai toujours rêvé de voir un concert de rock punk dans une cave. Avec un son crépis qui part en miette, une musique qui selon tous les sens de la perception se désagrège, mais se reconstruit quelque part, dans la tête, le sexe, le nombril ou je ne sais où. Partout. L'impression que de la poussière s'envole des peaux du batteur. L'envie de sauter, non par convention sociale, mais par conséquence existentielle, du fait d'être lâché au milieu de cette sauvagerie rocailleuse. Le son juste assez trop fort, comme il faut. Ça tape sans relâche, sèchement, insuffle une énergie, un rythme de débauche. Le chant caverneux, façon homme préhistorique perdu dans les temps modernes. La guitare, au bout de son fil téléphonique, acerbe, cynique, violence là aussi induite par le simple fait d'être là. Un pierrier sec, qui chauffe, qui dégage. Aridité. Le batteur se change en lama, crache à la gueule du vide sa mauvaise bière multinationalisée. Puis redevient cheval des cavernes, au galop, taureaux des champs rocailleux. Un ours à la basse, en un coup de griffe ça te décapite. Ça mange du miel. La ruche est débordante, on en a plein les babines. Le miel que l'on vient d'avaler nous ressort par les oreilles, ça bourdonne, ça transpire, c'est tout cela que l'on entend, sucré, cristallin et grumeleux, c'est la manière dont ça jaillit, Pinocchio auteur d'une energie positive d'auto-destruction. Du larsen maitrisé, saupoudré dans l'ivresse, voilà ce qu'il y a. Voilà ce que c'est.
Ça commence par du bruit, ça finira par du bruit, et entre, nous avons deviné, du bruit aussi, beaucoup de bruit. Bruit invisible qui dégénère, cancéreux. Y'en a qui s'occupent d'amener le schmilblick vers sa mort pendant que d'autres lui insuffle des nuées au cœurs. On entend le battement du rythme. Alors ca s'etend, ca vie, convenablement avec des excès suffisant, puis ça meurt. En moyenne, 5 secondes de durée de vie. Lent, lourd, ennuyant, chiant à l'impossible, puissant, vivant. C'est du post-truc, c'est du après, ce qui vient après, au suivant, les vieux chnoks sont morts de faim, trop pécunier, trop nombriliste, et maintenant c'est ça. On entend pas la voie, on entend que quelqu'un chante et que nous ne comprenons pas ce qui est dit, et que lui non plus. On en revient toujours à cette volonté de persécuter l'air ambient.
"Sorry if it's too loud, but it's the only way we know to play"
" Allright ! "
Un camarade dit que ça s’appelle du Swamp Noise. Avec les alligators qui rodent, les tête coupés, les guirlandes vaudou, le brouillard, le bruit de l'eau qui stagne. C'est surement ça. Un beau paysage américain.
WOMAN
Ça commence par du bruit, ça finira par du bruit, et entre, nous avons deviné, du bruit aussi, beaucoup de bruit. Bruit invisible qui dégénère, cancéreux. Y'en a qui s'occupent d'amener le schmilblick vers sa mort pendant que d'autres lui insuffle des nuées au cœurs. On entend le battement du rythme. Alors ca s'etend, ca vie, convenablement avec des excès suffisant, puis ça meurt. En moyenne, 5 secondes de durée de vie. Lent, lourd, ennuyant, chiant à l'impossible, puissant, vivant. C'est du post-truc, c'est du après, ce qui vient après, au suivant, les vieux chnoks sont morts de faim, trop pécunier, trop nombriliste, et maintenant c'est ça. On entend pas la voie, on entend que quelqu'un chante et que nous ne comprenons pas ce qui est dit, et que lui non plus. On en revient toujours à cette volonté de persécuter l'air ambient.
"Sorry if it's too loud, but it's the only way we know to play"
" Allright ! "
Un camarade dit que ça s’appelle du Swamp Noise. Avec les alligators qui rodent, les tête coupés, les guirlandes vaudou, le brouillard, le bruit de l'eau qui stagne. C'est surement ça. Un beau paysage américain.
Merci de nous partager ces instants de vie bordelaise. Je viens de fignoler et de publier le rapport de tymponisation du concert des frères Bishop de mai dernier (écrit depuis aussi longtemps), cf post du 14 mai 2011.
RépondreSupprimerPour en savoir plus sur la demarche des potagers natures : http://orgakliton.ouvaton.org/pona.htm
RépondreSupprimerC'est très intéressant...