A propos de la Musique, dans tout les sens du terme. Musique comme vibration de l'air, activité, création, sens de la vie, concept méta-philosophique, réalisation de la poésie, épiphénomène de l'existence. Ou plus simplement, Musique.
Ça fait 5 ans, me dit le disquaire du coin. 5 ans que ça recommence, que les monsieur lambda bêta et gamma sont rentrés dans le jeu. Ça fonctionne. Comme des petits pains. C'est bon les petits pains.
Personnellement, j'ai mis du temps à comprendre. Quelque jours avant l'illumination, je faisais encore une énième erreur. C'est que, pour que cela devienne une évidence, il faut pouvoir ressentir le résultat, entendre, voir, toucher. Et puis c'est dur à admettre, on voudrait faire l'autruche et continuer dans sa lancée, pour justifier ses centaines d'achats passés. Mais il faut s'y résoudre. Les Flaques, les 3 Mémés Pépés, nos zipouds, nos arc-en-ciels enfermés sur des tranches plastique qu'il faut observer au microscope laser, tout ça c'est de la gnognote. Tout ça c'est du Mickey enfermé dans sa baignoire. Has-been. Ringard. Laissons place au progrès, soyons absolument moderne.
VIVE LE VINYLE
Une galette sonore. Une tarte musicale. Une soucoupe bruyante extraterrestre, une succession miniature de montagne, de ravin, la chaine de l'Himalaya en panorama noir. Des toiles d'artistes qui se réjouissent de s'exposer sur votre bibliothèque, ou de danser sur votre platine.
Ca vous réchauffe un salon.
Il y a une face de plus que sur un CD, alors quand c'est finis, on retourne, et ça continue.
Avec un CD, y'a plus qu'à changer.
Il y en a plein dans les vides greniers ou nos propres greniers.
" fais théâtre sans pièces. exhibe. les morceaux de la prose du monde"
J'partais
voir une chic pièce de théâtre, sur la fragilité du vide et les
beautés éphémères, d'un type bien, qui fait pas qu'dire, qui fait
un peu aussi (François Tanguy). Puis, partie de la mise en scène quotidienne, j'suis tombée sur un ticket tout frais,
un billet express pour une rencontre étonnante...
Vendredi
18 novembre. 19:30. Rennes.
« C'est
pour Jerusalem? Par ici. »
Une
nana, pas bien plus grande que 3 pommes, s'incorporait, de tout son
réel, de tout son ici, dans les images bien lointaines, d'un avant,
d'un ailleurs. Elle, au milieu des rayons d'image, elle paraissait en
être. Sa voix, pouvait être ici autant que là bas, en
Israël...pendant exactement 56 minutes, le même temps que peut durer une de ces opération Jerusalem Plomb Durci, la voilà s'esclaffant,
saisie de toute part par les contradictions interminables, d'une
dictature émotionnelle... « 6 millions, 6 millions d'enfants
juifs sont morts dans les camps »; et chaque année, les plus
jeunes célèbrent, la mort et la tristesse,sur cette terre que les anciens sont
prêts à bouffer chaque matin pour la souffrir. - enterrer les cadavres sous les cadavres pour faire place aux prochains. cadavres.
Ils
sont pas beaucoup, deux exactement. Lui – Xavier Klaine - Elle
- Ruth Rosenthal. Eux - la WINTER FAMILY. Ils se voyagent pas mal,
et s'invitent, dans les églises, les chapelles et les cryptes. C'est
là, dans ces lieux aux acoustiques célestes, que commence la messe
subversive... Du coup, c'était un peu normal, d'aller à leur
concert un dimanche, dans notre église à nous, un bar à Bascule,
où la musique hallucinée a déjà fait effondrer quelques murs. Le
transport est violent, sucré, feutré...une invitation au voyage
sensuel de nos corps en transe... peut être qu'il ne suffit pas de
les écouter, mais c'est souvent le cas, sauf musique transgénique,
pour comprendre. Enfin, évidemment, ce n'est pas un peut être, le
théâtre ne s'écoute pas dans une oreillette, et la musique ne se
regarde pas avec des boules quiés.
C'est à côté du marché, dans le quartierpopulaireen voix de gentrification. Il n'y a ni enseigne, ni terrasse officielle. Le linge de la voisine du dessus est pendu au balcon. Un drap blanc coloré de fleurs. Sur les murs du hall, des expos, photos, dessins, peintures, cela change au fil des mois. C'est bien aménagé. Un canapé de cuir marron, exactement deux chaises, et un fauteuil très confortable. Si l'on veut ramener un souvenir, des vinyles posés sur la table basse sont en vente. Il ne reste que peu de la production historique, pressés en faible nombre, ils s'épuisent vite. Il y a aussi le frigo, derrière le comptoir blanc, pour acheter du liquide. On peut y venir seul ou accompagné. Des gens sont là, pas des jambons mais de la chaire vivante. Ça parle musique, concert et dromadaire. Et puis il y a un bon Dj, pour occuper les oreilles avant le début des hostilités. L'heure de la première note est variable, mais quand le public est appelé à descendre, tout le monde s'engouffre dans les escaliers. Sans oublier de jeter son cadavre de verre dans les cadis prévus à cet effet, et de sortir son petit billet pour soutenir les camarades. Un écriteau sur la porte, vous serez mignons de ne pas fumer, merci. On en fait ce que l'on veux. Sur les murs de l'escalier des rats noirs sont dessinés. Et un chat, juste avant la porte d'entrée de la cave. Ce n'est pas très grand, aux concerts gratuits des grosses pointures c'est un peu serré.
Enfin, on y est. Oreilles ouvertes, ceintures libérées. Retour à la terre, en passant par la lune. Écoutons.
THE BEST AMERICAN BAND!
J'ai toujours rêvé de voir un concert de rock punk dans une cave. Avec un son crépis qui part en miette, une musique qui selon tous les sens de la perception se désagrège, mais se reconstruit quelque part, dans la tête, le sexe, le nombril ou je ne sais où. Partout. L'impression que de la poussière s'envole des peaux du batteur. L'envie de sauter, non par convention sociale, mais par conséquence existentielle, du fait d'être lâché au milieu de cette sauvagerie rocailleuse. Le son juste assez trop fort, comme il faut. Ça tape sans relâche, sèchement, insuffle une énergie, un rythme de débauche. Le chant caverneux, façon homme préhistorique perdu dans les temps modernes. La guitare, au bout de son fil téléphonique, acerbe, cynique, violence là aussi induite par le simple fait d'être là. Un pierrier sec, qui chauffe, qui dégage. Aridité. Le batteur se change en lama, crache à la gueule du vide sa mauvaise bière multinationalisée. Puis redevient cheval des cavernes, au galop, taureaux des champs rocailleux. Un ours à la basse, en un coup de griffe ça te décapite. Ça mange du miel. La ruche est débordante, on en a plein les babines. Le miel que l'on vient d'avaler nous ressort par les oreilles, ça bourdonne, ça transpire, c'est tout cela que l'on entend, sucré, cristallin et grumeleux, c'est la manière dont ça jaillit, Pinocchio auteur d'une energie positive d'auto-destruction. Du larsen maitrisé, saupoudré dans l'ivresse, voilà ce qu'il y a. Voilà ce que c'est.
WOMAN
Ça commence par du bruit, ça finira par du bruit, et entre, nous avons deviné, du bruit aussi, beaucoup de bruit. Bruit invisible qui dégénère, cancéreux. Y'en a qui s'occupent d'amener le schmilblick vers sa mort pendant que d'autres lui insuffle des nuées au cœurs. On entend le battement du rythme. Alors ca s'etend, ca vie, convenablement avec des excès suffisant, puis ça meurt. En moyenne, 5 secondes de durée de vie. Lent, lourd, ennuyant, chiant à l'impossible, puissant, vivant. C'est du post-truc, c'est du après, ce qui vient après, au suivant, les vieux chnoks sont morts de faim, trop pécunier, trop nombriliste, et maintenant c'est ça. On entend pas la voie, on entend que quelqu'un chante et que nous ne comprenons pas ce qui est dit, et que lui non plus. On en revient toujours à cette volonté de persécuter l'air ambient.
"Sorry if it's too loud, but it's the only way we know to play" " Allright ! "
Un camarade dit que ça s’appelle du Swamp Noise. Avec les alligators qui rodent, les tête coupés, les guirlandes vaudou, le brouillard, le bruit de l'eau qui stagne. C'est surement ça. Un beau paysage américain.