C'est ce qu'il me faut, le matin, pour me sortir du lit. Sinon, je peux rester coucher encore de longues heures. Mais devant un tel déploiement d'énergie, je me lève. Ou plutôt, c'est cette musique qui lève mon être, pas moi. Envoyer du lourd est sans doute une expression d'origine japonaise. Pourtant, on ne croirait pas comme ça. En voyant la pochette rose. En entendant les premières notes. Toutes calmes. On ne s'attend pas à un tel déferlement. J'ai toujours aimé les batteries qui tape beaucoup. Parce que pour moi, c'est tout ce qu'un batteur est capable de faire. Taper, taper, taper. Alors oui, ici, ça tape, ça tape, ça tape. A haute célérité. Et à côté, la gratte évolue librement. Elle trace son chemin, un sillon météorique. Son chant est reconnaissable entre mille. Une distorsion grise qui aplati, aiguise le son. C'est une lame de fond au milieu d'un désert. Un énorme rouleau en perpétuel cascade. La voix est débridée, pleine d'allant impératif. Tout ce mouvement en avant semble aller de lui même, ne nécessiter ni la présence d'un support, de l'autre, d'un espoir, d'une quelconque conviction future. Sans raison particulière, cause légitime, l'afflux d'énergie envahit mon espace matinal. Me fait passer par tout les états possibles de conscience, à la vitesse du photon. Après, je suis blindé, rechargé en invincibilité. A fond. A fond dans les tympans, à fond dans le monde, à fond durant 55 minutes et 23 secondes, à fond dans ce qui précède et ce qui suit.
20 février 2011
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