14 mai 2011

Fratrie déconnectée

Je vais vous conter l'épopée de deux frères au bout d'un grand lac. Un oreilliste lointain avec qui j'échangeais des pigeons électroniques me fait soudain part de la venue de deux frères déconnectés le soir même dans une usine. Sans attendre, je mets mon baluchon sur le dos et me rends dans les décombres d'un centre commercial. C'est dans ce lieu en ruine qu'a lieu le prélude: 
Quatre jeunes sans prétentions jouent du rock a un public bariolé au milieu d'une exposition de jeunes artistes. On m'offre une cannette d'orge et des saucisses. Et puis je remets mon baluchon sur le dos. L'autre bout du lac m'attend. Après une courte ellipse, voici l'improbable usine. Je suis le premier, je prends une bière, puis une jolie galette laser auprès des frères Bishop. Tout le monde s'assied devant un écran, à regarder la photo du "handsome stranger". Il y a des tapis par terre, des guitares et deux chaises en dessous de l'écran. Puis le film:
Une multitude d'expérimentations sonores et visuelles. Parfois des musiques. Puis le grand Gocher devant un écran représentant le grand Gocher devant un écran représentant le grand Gocher devant un écran représentant le grand Gocher devant un écran représentant le grand Gocher... Des images. De la nourriture, de tout. Gocher partout. Et les 40 minutes passent telle cueillette d'une fleur. On sort tout perturbés, tout ébahis. Et personne ne va à Lausanne après le concert. Une fille habite dans un grand appart avec pleins de gens. Si vraiment je n'ai pas de train. Mais le concert commence, ils jouent:
Je me dis que je bosse demain, que je n'ai pas le droit d'être en retard. Les musiques s'enchainent, entre poésie guitarresque et histoires de meurtres d'enfants. Et des blagues. Et des cigarettes qu'ils nous invitent à fumer dedans, en s'en donnant eux même à coeur joie. Ils sont contents de pouvoir fumer dedans ce soir. Ont-ils déjà dit qu'ils aimaient fumer? Quelqu'un veut-il annoncer quelque chose? Il a trois minutes. Qui veut, peut. Allez, à votre place on profiterait. Et fumez vous aussi, la police ne viendra pas. Mais personne ne prend la parole. Tant pis, ils chantent en fumant. Toutes sortes de choses, dont des classiques de Sun City Girls. L'heure du train approche. Je suis tiraillé entre une fatigue extrême et mon envie de rester. Je crains de n'arriver à l'heure au travail demain. Je m'enfuis lâchement dans un désolant sentiment de frustration et de honte. Mon voisin de concert m'a adressé des mots compatissants lorsque j'ai du partir prendre mon train. Alors je me console en mettant des musiciens miniatures dans mes oreilles, pour entendre encore une fois les frères déconnectés et leur pote gocher dans le long convoi de métal. Mais je suis heureux tout de même de ce que j'ai eu.
(Je ne vous fait pas écouter, ces gars là ont déjà  été tymponnés à plusieurs reprises)

1 mai 2011

Jazz in Paris #2



On dit souvent que les apparences sont trompeuses, qu'il ne faut pas s'y fier, que l'habit ne fait pas le moine etc. Et bien même dans le Jazz cela s'avère être vrai. Devant nous, 3 musiciens au look très djeun's. Un à la mèche folle, un peu comme un certain gamin de 14 ans que les magnats de la musique s'arrachent. Un autre qui a l'air un poil trop sûr de lui, se forçant parfois à gesticuler sur sa chaise comme pour imiter les plus grands. Bref, à les voir comme ça, il est légitime de se poser quelques questions quant à ce qui va nous parvenir aux oreilles. Mais aussitôt les premières notes jouées, plus rien à redire. Oubliés tous ces préjugés vestimentaires et comportementaux. Seule la musique compte. Et quelle musique ! Du jazz très moderne, très fou, fleurtant parfois avec le free. Le pianiste s'en donne à coeur joie, alternant moments calmes et véritables frénésies auditives. Le batteur sort parfois de son foutoir des bibelots grelottants aux sonorités imprévues. On a l'impression quelques fois qu'ils ont du mal à se trouver mais globalement, l'alchimie entre les 3 fonctionne plutôt pas mal. Après ces 3 sets d'une heure chacun, je ne peux qu'acheter le CD (encore une fois). Ça ne vaudra jamais ce que je viens d'entendre mais que voulez-vous, c'est ça le Jazz...